arbre généalogique
personnage célèbre

Comment les Laurendeau deviennent parents avec Louis Jolliet

L'Histoire de Louis Jolliet, sieur d'Anticosti

Avant Louis Jolliet

vers 1545 : naissance de Claude Jolliet, grand-père de Louis Jolliet, à Sézanne-en-Brie, évêché de Troyes, Champagne (arrondissement Epernay, Marne) (005).

vers 1590: naissance d'Adrien D'Abancour-Lacaille à St-Waast, évêché de Soissons, Ile-de-France, Arrondissement Soissons, Aisne. Il deviendra le beau-père de Louis Jolliet (005).

vers 1596 :naissance de Jean Jolliet, père de Louis Jolliet, Sézanne-en-Brie, évêché de Troyes, Champagne (arrondissement Epernay, Marne) (005).

complément historique
. . . un marin, qui s'appelait Juan Rodrigo Bernejo, habitant de Molino . . . aperçut à la clarté de la lune une langue blanche de sable et, levant les yeux, il vit la terre. Il tira aussitôt un coup de bombarde en criant : "Terre ! Terre !" . . . Ce passage du voyage de Colomb éblouissait Adrien d'Abancourt dit La Caille, lui paraissait la plus belle chose au monde. Il en détachait chaque mot, et chaque mot prenait un sens plein, net, évocateur. Par les soirs chauds de l'été, lorsqu'il cherchait un peu de fraîcheur dans les ruelles de Soissons, il se les répétait avec délice. . . (015-13)
M. Samuel de Champlain, capitaine ordinaire en la marine du Roy, venait de publier à Paris, chez l'imprimeur Cottet, le récit de son établissement dans les terres du Canada. L'ouvrage fit grand bruit. M. d'Abancourt dit La Caille le parcourut avidement, le relut. Puis médita. Ce Champlain n'était pas une figure de légende . . . Et ce capitaine donnait à l'Aventure des formes précises, réelles, la nourrissait des plus puissantes possibilités. Les rêves du jeune homme prirent de la chair et du muscle. (015-14)
Au coin du feu, Simone (D'orangeville) filait. Le chant du rouet berçait l'heure. La lueur d'une flamme plus haute avivait sa joue. La laine glissait doucement entre ses doigts minces, blancs. Plus loin, au fond de la pièce, dans l'ombre tiède, le berceau (celui de Marie d'Abancour dit La Caille). Un cri s'en élevait parfois. Cri d'oiseau, d'ange ... Et Adrien s'approchait de la fileuse, parlait. Il lui disait, à voix basse, ces peuples étranges et rusés, ces forêts baignées de rivières, ces torrents chavirant les pépites de cuivre, cette vie large, forte, pleine de prodiges, cette renommée qui collait au torse des découvreurs comme un pourpoint rouge. Il invoquait les fins d'été qui mûrissaient de lourds raisins violets, les hivers féériques, les fastueux printemps. Ce domaine pouvait contenir trois Europes !
. . . On affirmait que ses forêts grouillaient d'un gibier multiple, que ses eaux foisonnaient des plus succulents poissons ; on assurait que la sève de certains arbres, au printemps, fournissait une liqueur plus délectable que le miel. On racontait . . . (015-15)
. . .
. . . On longea des îles pareilles à des jardins. À Orléans, des vignes frustes grimpaient aux troncs des érables. D'épaisses fougères tapissaient les sous-bois. Parfois, dans une éclaircie, une fumée montait, blanche et droite. L'air était très doux. La pointe d'Orléans fut doublée. Et l'on vit se détacher, soudain, sur l'ouest flamboyant de la chute du jour, l'énorme et sombre rocher de Québec.
. . . Et la vie s'organisa au gré du hasard et des saisons. L'aventure prit tour à tour les visages sans gloire du froid, de la fatigue et de la faim. Abancourt dut apprendre une foule de choses que les livres n'enseignent pas. Et les différents métiers qu'il exerça n'eurent pour but que la satisfaction des besoins les plus essentiels.
Il se fit, selon les circonstances, trappeur, chasseur, pêcheur, négociant, matelot, soldat, bûcheron. Il remonta des rivières, traversa des lacs, s'enfonça au cœur des forêts, traqua le castor, poursuivit l'orignal, pêcha l'anguille, le saumon, le loup-marin. Il connut l'hospitalité indienne, partagea avec des chefs la molle sagamité servie dans des écuelles d'écorce, fuma le pétun au moyen de longs bambous qui passaient de bouche en bouche, dormit sous des peaux alourdies par les neiges, parmi l'odeur forte des corps huileux, sut acquérir une certaine habileté dans l'orientation des palabres, et oublia le goût du sel et du pain. Il vécut une vie dangereuse et précaire.
Chaque saison le voyait revenir, un peu plus sauvage, à Québec. Des muscles nouveaux s'étaient noués sur ses membres. Il avait la face cuite, basanée. Ses joues s'étaient creusées. Il devenait taciturne. Il eut bientôt les gestes lents, précis et rares de l'homme des solitudes.
Il disparut un jour en plein golfe. Sa femme le pleura, s'éteignit à son tour. Il laissait peu de biens, une fille et un surnom : la Caille. (015-20)

3 juillet 1608: Champlain fonde Québec.

1625: Le Père Charles Lallemant, Jésuite, supérieur de la nouvelle mission de Québec y débarque. (015-21)

19 juillet 1629: Champlain capitule devant Louis Kirke. Sa garnison comprenait 16 hommes. Il fut emmené en Angleterre avec les Jésuites, les Récollets et les notables. (015-28)

Durant cette période, le Canada est occupé par les Anglais

29 mars 1632: Le traité de Saint-Germain-en-Laye restitue le Canada et l'Acadie à la France. (015-28)

1634: Le Sieur de Laviolette fonde Trois-Rivières.

29 octobre 1639: Marie d'Abancourt dit La Caille épouse à Québec le sieur Jean Jolliet, originaire de la province de Brie en Champagne. L'homme exerçait le métier de charron (réparateur de charrettes et chariots) pour la Compagnie des Cent-Associés. Le couple logea dans une petite maison de bois sans étage, au pied de la falaise, sous le fort, face au fleuve (015-30).
Deux témoins font partie de la cérémonie du mariage. Il s'agit de Nicolas Marsolet, interprète Montagnais pour Messieurs les Associés en la Nouvelle-France et Jean Nicollet, interprète Algonkin et Huron pour Messieurs les Associés en la Nouvelle-France (005).

complément historique
Le charron recevait parfois des amis. C'était des hommes rudes, vêtus d'un cuir de couleur de tronc d'arbre. Il y avait Guillaume Couture, qui avait subi la torture iroquoise; le navigateur Jean Langlois; Jean Nicolet, dont le prestige auprès des tribus indiennes s'étendaient du lac Ontario aux côtes arides du golfe; François Bissot, négociant sagace, calculateur; d'autres encore. Ils fumaient de pipes courtes, s'exprimaient lentement. L'attitude menaçante des Iroquois nourrissait d'inquiètes conversations. (015-31)
Les Iroquois s'enorgueillissaient du titre de "peuple de la maison longue". À l'origine, leur peuple sédentaire et paisible, ne s'occupaient que de culture, vivait dans de beaux villages . . . Les Hurons étaient venus troubler cette félicité. La lutte engagée, les Iroquois avaient vaincus. Ils devinrent ambitieux, rêvèrent d'une suprématie sur les peuples voisins . . . semèrent partout la terreur et la mort. Ils ne vivaient plus, à l'arrivée de Champlain, que pour l'aventure du sang. . . Les Hurons supplièrent les Français de prendre leur défense. Champlain, homme de coeur, mais mauvais politique, accepta. (015-32)

vers 1642: naissance d'Adrien Jolliet, frère de Louis Jolliet. Il se mariera avec Marie-Jeanne Dodier-de-la-Florinière en 1664.

17 Mai 1642: fondation de Montréal par Paul Chomedey de Maisonneuve.

Les commencements de Louis Jolliet

21 septembre 1645: Lorsque le Père Barthélemi Vimont rédigea l'acte que nous transcrivons ci-après, et qui est tiré du premier volume des actes de baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse de Notre-Dame de Québec, il était loin de penser que la postérité voudrait un jour y jeter les regards; autrement il aurait sans doute indiqué avec plus de précision la date de la naissance du petit enfant qui venait d'être régénéré dans les eaux du baptême.

complément historique
"Louis Joliet. - L'an du Seigneur 1645, le 21e jour de septembre, moi, Barthélemi Vimont, de la Compagnie de Jésus, faisant les fonctions de curé de cette église de la Conception Immaculée de la Bienheureuse Marie, de Québec, ai baptisé dans la dite église, un enfant né récemment des époux Jean Joliet et Marie d'Abancourt, à qui le nom Louis a été imposé. Les parrains furent Louis Maheu et Françoise Giffart, de la paroisse de Québec". (013-1, 2)

Notes sur l'église Immaculée Conception :
Elle était située au dessus du rez-de-chaussée, lequel était occupé par la Compagnie de la Nouvelle-France (compagnie des Cent-Associés) parce que l'Église Notre-Dame de la Recouvrance avait été détruite par le feu en 1640 et ne fut reconstruite qu'à partir de 1647, inaugurée en 1650 et utilisée comme église paroissiale en 1657. (013-3)

Notes sur le père Barthélemi Vimont : Il était arrivé de France en 1639, avec les pères Poncet et Chaumonot, Madame de la Peltrie et les premières religieuses Ursuline et Hospitalières venues en ce pays. Il a été missionnaire au Cap-Breton avant de venir à Québec. Il a célébré la première messe de Ville-Marie le 18 mai 1642, en présence de M. de Montmagny, de M. de Maisonneuve, de M. de Puyseaux, de Madame de la Peltrie, de Mademoiselle Mance et des premiers colons de l'ile de Montréal. En 1899, la République française a envoyé un tableau à la Cathédrale de Montréal où on le voit comme prêtre officiant. (013-3)

Notes sur le parrain et la marraine de Louis Jolliet : Ils demeurent tous 2 dans la "paroisse de Québec". Quant à Mademoiselle Françoise Giffard, elle était la fille de Robert Giffard, seigneur de Beauport, chef de la colonie percheronne de la côte. Elle se mariera le 21 novembre 1645 avec Jean Juchereau de la Ferté. (013-4)

27 novembre 1645: Mariage de la fille de M. Couillard avec le fils de Jean Guion; le P. Vimont assista aux noces; il y eut deux violons pour la première fois en Nouvelle-France. ( 013-95)

24 décembre 1645: messe de minuit . . . on commença à chanter deux airs : Venez mon Dieu . . . Chantons Noel . . . M. de la Ferté faisoit la basse, St-Martin joüoit du violon . . . A vespres on chanta quelques psaumes en faux-bourdons. ( 013 95)

12 février 1646: . . . les religieuses commencèrent par le Pange lingua et le Magnificat . . . le Magnificat fut chanté en faux-bourdon; cela réussit bien . . . ( 013-96)

27 février 1647: il y eut un ballet au magasin ; c'estoit le mercredy gras: pas un de nos Pères ny de nos Frères n'y assista, ni aussi les filles de l'Hôpital et des Ursulines. . . (013-97)

31 mars 1648: naissance de Marie Jolliet, soeur de Louis Jolliet. Elle se mariera en 1660 avec François Fortin.

23 décembre 1650: naissance de Zacharie Jolliet, frère de Louis Jolliet. Il se mariera avec Marie Niel en 1678.

23 avril 1651: décès de Jean Jolliet, père de Louis Jolliet. Ce dernier n'a que 5 ans

complément historique
"Un canot venant de Tadoussac ramena le charron à Québec. L'homme grelotait de fièvre. Il avait le masque creux, les gencives violettes, le corps marqué de taches vineuses. Sa chair devint flasque et répandit des odeurs fétides. Le scorbut le rongeait, le tua.
Marie le pleura, puis sécha ses larmes. Quatre enfants. Il fallait vivre. Adrien, l'aîné, fut placé en apprentissage. Elle gardait les deux plus jeunes avec elle. Les Jésuites se chargèrent du cadet, Louis. L'année suivante, Marie épousa Geoffroy Guillot, cultivateur à Beauport. Et la vie continua. (015-39)

13 avril 1656: naissance de Claire-Françoise Bissot, à Québec. Elle épousera Louis Jolliet.

1660: Bataille du Long-Sault avec Dollard des Ormeaux (015-55)

25 février 1661: Les Cent-Associés concèdent à François Bissot, le père de la femme que Louis Jolliet mariera, le droit de commercer et de chasser, celui de fonder des établissements de pêche sur terre ferme "depuis l'Île-aux-oeufs jusqu'aux Sept-Isles et dans la Grande Anse, vers les Esquimaux où les Espagnols font ordinairement la pêche". (014-242)

19 août 1662: Louis Jolliet reçoit les ordres mineurs, des mains de Monseigneur de Laval, au collège des Jésuites. (014-22)

22 septembre 1663: Arrive à Québec deux vaisseaux du roi venant de France. Parmi les passagers se trouvaient Monsieur de Mésy, gouverneur et Monseigneur de Laval. Celui-ci avait acheté en France un orgue qui fut placé dans la grande église paroissiale, mais on ne commença à s'en servir régulièrement que vers la fin de l'année 1664. (013-99)

1663: Arrivée des premières Filles du Roy

complément historique
Voiles au repos, ferlées le long de l'étai, le bâtiment virait lentement, mal assuré sur son ancre. Le capitaine gesticulait. Puis soudain, dans le tumulte de la manoeuvre, parmi les clameurs et les jurons des maîtres, le château d'avant se couvrit d'un groupe compact, multicolore et grouillant d'où jaillissaient des rires clairs. Alors un cri s'éleva dans les tavernes du fort et parcourut la ville: "Les filles du Roy ! Les filles du Roy !"
Toute la population de Québec dévala vers le fleuve. Poussées par des mains rudes, des barques crissèrent sur les galets. On y fit monter des garçons mal à l'aise dans des vêtements trop neufs. Par contenance, certains s'essayaient à des allusions gaillardes. Déjà, du voilier, coudes au plat-bord, des matelots narquois les interpellaient. Le groupe des femmes s'étaient tu. Et maintenant, dans les barques qui frôlaient la carène du navire, soucieux, les yeux levés vers le château, chaque garçon tentait de distinguer le visage inconnu de son futur destin.
Lecture de la liste des prétendants à haute voix, avec les noms, âge, métier, condition. Puis celle des filles à marier. Martelées dans le silence, les belles syllabes des provinces françaises indiquèrent une blonde, une brune, une rousse. Normandie, le plus souvent répété. Puis Orléans, Poitou, Bourgogne, Touraine. Parfois Paris. Puis, plus rare, le mot Provence. Et des filles au regard triste et bleu frissonnaient au mot Bretagne ... Le mieux établi des garçons avait le premier choix. (015-74, 75)

1er janvier 1665: Louis Jolliet démontre ses indéniables talents en musique. (013-10) . . . Monseigneur l'Évêque dina chez nous et M. Meseré, et le soir nous invitâmes les sieurs Morin et Jolliet nos officiers de musique à souper . . . (013-101)

30 juin 1665: Quand le marquis de Tracy arriva à Québec, il fut reçu en grande pompe par Monseigneur de Laval, et ce fut au son de l'orgue qu'il avança vers le haut de la nef, suivi de sa brillante escorte. Qui était alors au clavier? Louis Jolliet.

12 septembre 1665: arrivée de Jean Talon.

complément historique
Talon, qui avait gagné la confiance de Colbert après avoir été distingué par Mazarin, se mit à l'oeuvre sans tarder. Ses charges étaient écrasantes. Il devait s'occuper de l'approvisionnement des troupes et de l'audition de la justice; de la punition des criminels et de la juridiction des procès en matières civiles; des emprunts et des contributions, des seigneuries et censives, des relations du clergé et du pouvoir séculier ; de l'agriculture, des mines, du commerce et de la navigation. Mais ce petit homme au teint pâle était doué d'une prodigieuse activité. Il possédait en outre des instincts de policier. Le jour même de son arrivée, poursuivant certaine enquête secrète, il se présenta au parloir des religieuses de l'Hôtel-Dieu comme valet de l'intendant.
Un de ses premiers soins fut d'établir un recensement général des ressources naturelles du pays, du nombre de ses habitants et de leurs biens tant en nature qu'en espèces. Et un mois après son arrivée il pouvait adresser à Colbert un long rapport traitant de l'état de la colonie et des mesures qu'il jugeait utiles à son développement.
Ses instructions lui commandaient de préparer des terres et des habitations pour les familles qui lui seraient envoyées de France. Il chercha et trouva un domaine remplissant les conditions désirables, sur lequel il résolut de construire trois bourgs. Ce domaine faisait partie d'une propriété des Jésuites, érigée en seigneurie depuis 1626. Les Jésuites s'opposèrent à ce choix. Talon invoqua la raison d'Etat, qui exige le sacrifice du particulier. Il y eut échange de «propositions », et le particulier dut s'incliner.

1666: Dans le recensement, on y lit "Monsieur Jolliet, clercq d'esglise". (014-23)

2 juillet 1666: Le Père Mercier écrit dans le journal des Jésuites: "Les premières disputes se font dans la Congrégation avec succès. Toutes les puissances s'y trouvent; M. l'intendant (Talon) entre autres y a argumenté très bien. MM. Jolliet et Pierre Francheville y ont très bien répondu de toute la logique". (014-23)

complément historique
Grande dispute au collège des Jésuites. Mais cette dispute, de caractère pacifique, portait sur la philosophie. Louis (Jolliet) traita de la Logique avec une aisance et une justesse que l'assistance, qui était de choix, sut apprécier. Le vice-roi, le gouverneur, l'évêque, les officiers admirèrent la chaude précision de la voix, l'ardeur du regard, le menton volontaire du jeune novice. Talon, ayant étudié chez les Pères de Clermont, y avait acquis le goût de la controverse. Et le fit valoir.
Il connaissait à fond les finesses de la forme syllogistique. Entre le jeune homme et lui, il y eut échange d'adroites et subtiles passes d'armes, d'argumentations spécieuses, de feintes enveloppées, de dérobades qui semblaient des attaques et de formules qui imitaient des raisons, bref, l'intendant se retira, comme il arrive en pareil cas, enchanté de ce qu'il avait dit et de ce que son interlocuteur lui avait répondu. Il avait trouvé chez le jeune Jolliet des dons qui eussent été fort utiles au service du pays. De plus, on le disait de santé robuste, d'humeur facile, versé dans les langues indiennes, et les Jésuites qu'il avait accompagnés dans leurs déplacements durant les vacances d'été, vantaient son courage et son adresse physique.
Mais cette assurance, chez le novice, cachait le plus profond désarroi. Il doutait maintenant de sa vocation. Et à la veille de se lier par des voeux définitifs, il s'épouvantait à la pensée que cette voie choisie par lui, qu'il avait désirée de toutes ses forces, ne fût pas la sienne. Il s'en ouvrit à son confesseur qui lui conseilla le recueillement, la prière et les mortifications. (015-75, 76)

20 septembre 1666: arrivée du Père Marquette à Québec (013-19)

10 octobre 1666: Le Père Marquette se rend aux Trois-Rivières "pour estre escholier de P. Drüillettes en la langue mortagnaise". (013-19)

15 juillet 1667: L'abbé Amador Martin (fils d'Abraham Martin dit l'Écossais) et Pierre Francheville soutinrent de toute la philosophie avec honneur et bonne compagnie. Amador Martin est le seul de nos compatriotes du 17e siècle dont il soit resté une composition musicale. (013-102)

28 août 1667: Jolliet quittait Québec à bord du Saint-Sébastien qui faisait voile pour la France. On lui avait conseillé ce voyage dans le but de se familiariser avec certaines méthodes récemment mises à jour, concernant la navigation et la cartographie. M. de Laval lui avait fourni les argents nécessaires. Talon le recommandait à des personnes en place qui sauraient lui être utiles. Il possédait aussi des lettres pour les Jésuites de Paris. Seul, libre, confiant et fort. Une vie nouvelle commençait. (015-78)

complément historique
Cet hiver qu'il connaissait, rageur et farouche. La tempête hurlait pendant des jours. Une neige sèche, fine, aveuglante, dure, qui galopait au ras du sol, tourbillonnait aux carrefours, fonçait sur l'obstacle et allait se perdre, haletante et folle, aux déserts des espaces. Puis brusquement, un matin, le vent tombait. Alors, lourde et molle, abondante, inépuisable, la neige descendait droit du ciel. Pendant des jours encore. Puis venait, immobiles sous un soleil neuf, des semaines éblouissantes et glacées. En bas, entre des banquises d'une blancheur aiguë, le sombre fleuve fumait. Au sud, Lévis dessinait un paysage noir et blanc. A l'est, Orléans, géante bête polaire, s'était engourdie pour cinq mois . . . Et l'hiver passa . . . Louis s'impatientait . . . (015-113)

1668: Louis Jolliet organise une flottille de quatre canots pour un voyage au pays des grands lacs, où il se rendit avec le sieur Jean Péré et un certain nombre d'hommes engagés comme canotiers. L'objectif est de découvrir les mines de cuivre du Lac Supérieur. Cette expédition apportât beaucoup d'informations sur le territoire visité mais pas de mine découverte. Jolliet revint à Québec vers la fin de l'année 1669.
Monument de Louis Jolliet devant le Parlement du Québec
Monument de Louis Jolliet, situé devant le Parlement du Québec, Ville de Québec.

complément historique
En 1843, l'énorme pépite de cuivre du lac Supérieur, vue par tant de français et d'amérindiens, fut transportée de son lieu d'origine dans la rivière Ontanagan jusqu'à l'Institut Smithsonian de Washington, D.C. Son poids a été estimé à 6000, 7000 livres et son degré de pureté à 95%. (013-15, 16)

complément historique
Discours sur le canotage autour des années 1669:
La navigation du Saint-Laurent, au dix-septième siècle, se faisait dans des vaisseaux, bateaux, barque, chaloupes et autres embarcations en bois, depuis l'embouchure du fleuve jusqu'à Montréal. A partir de Montréal, ou, plus exactement, de Lachine, la navigation vers l'ouest se faisait exclusivement en "canots sauvages" ou canot d'écorce de bouleau.
Ce sont, de petits canots d'écorce de bouleau d'environ vingt pieds de long et deux pieds de large, renforcés dedans de varangue et lisses de cèdre fort minces, en sorte qu'un homme le porte aisément, quoique ce bateau puisse porter quatre hommes et huit ou neuf cents livres pesant de bagage. Il s'en fait qui portent jusqu'à dix ou douze hommes avec leur équipage, mais il faut deux ou trois hommes pour les porter. Cette façon de voyager fait la navigation la plus commune et la plus commode de ce pays, quoiqu'il soit vrai de dire que, quand on est dans un de ces bastiments, on est toujours, non pas à un doigt de la mort, mais à l'épaisseur de cinq ou six feuilles de papier.
II n'y a que les peuples qui parlent algonquin qui bastissent bien ces canots. Les Iroquois se servent pour leurs canots de toutes sortes d'escorces, hormis de celle de bouleau, et bastissent des canots mal faits et fort pesants, qui ne durent au plus qu'un mois, au lieu que ceux des Algonquins, estant conservez, durent cinq à six ans . . . Il faut se tenir tout le temps qu'on est dans ces canots à genoux ou assis, prenant garde de bien garder l'équilibre, car ces bastiments sont si légers qu'un poids de vingt livres sur un bord plus que sur l'autre est capable de les faire tourner, mais si prestement qu'à peine a-t-on le temps de s'en garantir. Leur fragilité est si grande que de porter un peu sur une pierre ou d'y aborder un peu lourdement est capable de faire un trou, qu'on peut à la vérité, accommoder avec du bray.

1669: Robert Cavelier de la Salle découvre la rivière Ohio, jusqu'à la chute qui en interrompt la navigation. (013-225)

complément historique
. . . Louis Jolliet vit François Bissot, l'ancien ami de son père. Bissot s'était enrichi. Il était lieutenant de prévôté, possédait une tannerie à Lévis, des chasses et des pêches dans le golfe, un comptoir à Québec. Il se proposait d'installer une pêcherie sur les îles du Labrador. Pourquoi Louis ne s'en occuperait-il pas ? Louis refusa . . . il s'était engagé à retourner dans l'ouest . . . Une fillette pénétra dans la salle en courant. Elle s'arrêta brusquement à la vue du jeune homme. Elle rougit. Ses yeux étaient des étoiles. Louis sourit. Bissot, sans la voir, continuait . . . plus tard, Bissot aperçut la fillette: . . . Voici Claire-Françoise, la troisième de mes filles, monsieur Jolliet. Elle aura bientôt 14 ans . . .(015-116, 117, 118)

1670: Louis Jolliet repart pour l'ouest afin d'y faire la traite. (013-19)

14 juin 1671: Daumont de Saint-Lusson, délégué de l'Intendant de la Nouvelle-France Jean Talon organise une réunion avec l'interprète Nicolas Perrot. Louis Jolliet, des français, des canadiens et des représentants des peuples établis sur les bords des lacs Michigan, Supérieur et Huron y participent. Les principaux objectifs de cette réunion sont de "faire la recherche et descouverte des mines de toutes façons", "surtout celle de cuivre", et de "prendre possession au nom du Roy de tout le pays habité et non habité où nous passerions". (013, 17 à 22)

complément historique
Cette (hyper-importante) page d'histoire est relativement peu connue; elle le serait davantage si elle était tachée de sang. (013-23) (La paix a peu d'oreille aux gens d'hier et à ceux de maintenant (005)).

2 novembre 1671: passage d'une lettre de Jean Talon "Le Sieur de Saint-Lusson est revenu après avoir poussé jusqu'à près de cinq cent lieues d'icy, planté la Croix et arboré les armes du Roy en présence de dix-sept nations sauvages assemblées de toutes parts à ce sujet, toutes lesquelles se sont volontairement soumises à la domination de Sa Majesté qu'elles regardent uniquement comme leur souverain et protecteur . . . " (013-26)

1671: L'interprète Nicolas Perrot visite les Miamis (aujourd'hui, un quartier de Chicago) (013-79)

1672: Jean Talon retourne en France en même temps que le gouverneur M. de Courcelles. Le successeur de ce dernier arrivera à Québec en septembre, il est nul autre que Louise de Buade, comte de Palluau et de Frontenac. Talon communique le nom de Louis Jolliet et ce que l'on pouvait attendre de ce jeune créole* à Frontenac. (* mot parfois utilisé pour désigner un Franco-Canadien.) (013-33)

9 juillet 1672: Le Père Albanel, et Monsieur de Saint-Simon, prennent possession des territoires de la Baie d'Hudson au nom du roi de France. (013-148)

Le voyage de Jolliet sur Le Mississipi

avant le voyage de Jolliet

1659: Un Jésuite rencontre 2 Français qui arrivent de l'Ouest. Il en fait une Relation. Ces 2 Français, Médard Chouart dit des Groseillers et Pierre-Esprit Radisson, ont explorés les bords du lac Supérieur . . . jusqu'à plusieurs journées vers le sud-ouest du lac ; là, ils ont rencontrés les restes de la nation huronne chassés de leur pays par les Iroquois. . . Dans leur fuite, les Hurons ont "heureusement rencontré une belle rivière, grande large, profonde et comparable, disent-ils, à notre grand fleuve Saint-Laurent. Ils trouvèrent sur ses rives la grande nation des Alim8ec, qui les reçut très bien". Était-ce du Mississipi que les 2 Français parlaient ? (014-43)

1665: le Père Allouez quitte Québec pour l'Ouest. Deux fois, dans son journal, il est question d'une grande rivière. 1. "les Illinois ne demeurent pas en ces quartiers, leur pays est à plus de soixante lieues d'ici (la Pointe du Saint-Esprit, sur la baie de Chequamegon) du côté du midi, au delà de la grande rivière, qui se décharge, autant que je puis conjurer, en la mer vers la Virginie". 2. "Ce sont des peuples qui habitent au couchant d'ici, vers la grande rivière nommée Messipi. Ils sont à quarante ou cinquante lieues d'ici, en un pays de prairies, abondant en toute sorte de chasse." (014-48)

1669: Le père Dablon écrit : "c'est vers le midi que coule la grande rivière qu'ils appellent Mississipi, laquelle ne peut avoir sa décharge que vers la mer de la Floride, à plus de quatre cents lieues d'ici . . ." (014-68)

1670: le Père Marquette nous rapporte ce qu'il a appris sur le compte des Illinois. "Quand les Illinois viennent à la Pointe, ils passent par une grande rivière qui a quasi une lieue de large. Elle va du nord au sud, et si loin que les Illinois . . . n'ont point encore entendu parler de sa sortie". . . "À six ou sept journées plus bas que les Illinois, il y a une autre grande rivière dans laquelle sont des nations prodigieuses, qui se servent de canots de bois". (014-62)

complément historique
Avant le voyage de Jolliet sur le Mississipi, on croyait que L'Ohio-Mississipi coulait de l'est vers l'ouest et d'autres pensaient qu'il coulait du nord au sud-ouest. Ils s'en est trouvé qui présumaient que le fleuve avait son embouchure vers la Nouvelle-Espagne et d'autres étaient convaincus que le fleuve Ohio se déchargeait dans la mer Vermeille. L'un des suprêmes objectifs des explorateurs était de découvrir une voie d'eau qui se rend au Pacifique. L'expédition de 1673, apportera la conviction que le fleuve Mississipi se décharge dans le golfe du Mexique. Cela causera, au Canada comme en France, un vif désappointement. (014-78)

pendant le voyage de Jolliet

été 1672: Talon charge Jolliet de chercher la route de la mer du Sud et "la grande rivière que les sauvages appellent Michissipi, qu'on croit se décharger dans la mer de Californie". (014-183)

1er octobre 1672: En dépit de son caractère officiel, l'expédition de 1673 ne fut pas subventionnée par le gouvernement. Les dépenses seraient défrayées par le profit de la traite. Jolliet, comme c'était la coutume, entra en société avec d'autres Canadiens, mit les fonds en commun, et détermina à l'avance les profits de chacun. Le contrat fut légalisé par devant Gilles Rageot, notaire . . .
". . . furent présents en leur personnes le sieur Louis Jolliet, François Chavigny, écuyer, sieur de la Chevrotière, Zacharie Jolliet, Jean Plattier, Pierre Moreau, Jacques Largilier, Jean Thiberge, tous présents en cette ville. Lesquels de leur bon gré et volonté ont fait entre eux traité, convention et société pour faire ensemble le voyage aux Outaouas, y faire traite avec les sauvages le plus avantageusement que faire se pourra. . ." (014-186, 187)

8 décembre 1672: Jolliet arrive à Michillimakinac, à la mission de Saint-Ignace des Hurons, fondée par le Père Marquette l'année précédente. Jolliet avait fait un trajet de plus de trois cent cinquante lieues en canot d'écorce. Il a rencontré plus de 50 rapides qui étaient normalement franchis par portage. Il préféra en sauter 42 au lieu de les portager (013-34). Dablon avait ordonné au Père Marquette d'accompagner Jolliet (014-184).

1672: Dans sa "Relation de la découverte de la Mer du Sud", le Père Dablon, écrit de Québec, le 1er août 1674 : "Il y a deux ans que M. le comte de Frontenac, notre gouverneur, et M. Talon, alors notre intendant, jugèrent qu'il était important de s'appliquer à la découverte de la mer du Midi . . . Dans ce dessein, ils ne purent choisir personne qui eût de plus belles qualités que le sieur de Jolliet, qui avait déjà fait plusieurs voyages dans ces contrées-là . . . Et de fait, il s'est acquitté de cette commission avec toute la générosité, toute l'adresse et toute la conduite qu'on pouvait souhaiter . . . Étant arrivé aux Outaouas, M. Jolliet se joignit au P. Marquette qui l'attendait pour cela, et qui depuis longtemps préméditait cette entreprise, l'ayant bien des fois concerté ensemble . . ." (013-28)

1673: Jolliet passe les cinq premiers mois de l'année à Michillimakinac, recueillant des renseignements et dressant des cartes des régions qu'il devra traverser, avec noms des peuples et de bourgades et autres annotations. (013-41)

13 mai 1673: Le Père Marquette écrivit: Je m'embarquay avec le sieur Joliet . . . avec cinq autres François, sur deux canots d'écorce, avec un peu de bled d'Inde et quelques chairs boucanées pour toute provision. (013-35)

mi-mai 1673: Les voyageurs quittent la mission de Saint-Ignace des Hurons, suivent la rive septentrionale du lac Michigan, puis la rive occidentale de la baie des Puants, et arrivent à la mission Saint-François-Xavier une dizaine de jours plus tard. Ensuite, ils remontent la rivière aux Renards jusqu'au village des Mascoutens, près de Berlin, Wisconsin. C'était le "terme des découvertes qu'ont faites les Français, car ils n'ont point encore passé plus avant".(014-192, 193)

début juin: . . . ils quittèrent le village des Mascoutens, pour entrer dans des pays où jamais aucun Européen n'avait mis les pieds (014-193)

10 juin 1673: 2 guides indiens, des Miamis, prirent place dans les embarcations des voyageurs, "à la vue d'un grand monde, qui ne pouvait assez s'étonner de voir 7 Français, seuls, et dans deux canots, oser entreprendre une expédition si extraordinaire et si hasardeuse". Il fallait atteindre la rivière Miskonsing (Wisconsin), laquelle devait, selon les informations recueillis par Joliette, se jeter dans le grand fleuve. (013-45)

17 juin 1673: un samedi, les frêles canots d'écorce entrent dans le Mississipi avec "une joie qui ne peut s'exprimer".
Louis Jolliet devant la bibliothèque de Jolliet en Illinois
Louis Jolliet devant la bibliothèque de Jolliet en Illinois, États-Unis

"Jolliet, Jolliet . . . . Quel spectacle féérique
Dut frapper ton regard quand ta nef historique
Bondit sur les flots d'or du grand fleuve inconnu"
(013-49)

25 juin 1673: Jolliet et le Père Marquette font la rencontre des premiers peuples vivant autour du Mississipi.

complément historique
Vu l'importance de la chose, nous reproduisons plusieurs textes de ces moments solennels:

"... Le 25 juin, nous aperçûmes sur le bord de l'eau (Sur la rive ouest du Mississipi, immédiatement au-dessous de l'embouchure de la Rivière-des-Moines selon une carte de Jolliet) des pistes d'homme, et un petit sentier assez battu qui entrait dans une belle prairie. Nous nous arrêtâmes pour l'examiner, et jugeant que c'était un chemin qui conduisait à quelque village de Sauvages, nous prîmes résolution de l'aller reconnaître. Nous laissons donc nos deux canots sous la garde de nos gens, leur recommandant bien de ne pas se laisser surprendre, après quoi M. Jolliet et moi entreprîmes cette découverte assez hasardeuse pour deux hommes seuls, qui s'exposent à la discrétion d'un peuple barbare et inconnu. Nous suivons en silence ce petit sentier, et après avoir fait environ deux lieues, nous découvrîmes un village sur le bord d'une rivière, et deux autres sur un coteau écarté du premier d'une demi-lieue. Ce fut pour lors que nous nous recommandâmes à Dieu de bon coeur, et ayant imploré son secours, nous passâmes outre sans être découverts, et nous vînmes si près que nous entendions même parler les Sauvages. Nous crûmes donc qu'il était temps de nous découvrir, ce que nous fîmes par un cri que nous poussâmes de toutes nos forces, en nous arrêtant sans plus avancer. À ce cri les Sauvages sortent promptement de leurs cabanes, et nous ayant probablement reconnus pour Français, surtout voyant une Robe-Noire, ou du moins n'ayant aucun sujet de défiance, puisque nous n'étions que deux hommes et que nous les avions avertis de notre arrivée, ils députèrent quatre vieillards pour nous venir parler, dont deux portaient des pipes à prendre du tabac, bien ornées et empanachées de divers plumages. Ils marchaient à petits pas, et, élevant leurs pipes vers le soleil, ils semblaient lui présenter à fumer, sans néanmoins dire aucun mot. Ils furent assez longtemps à faire le peu de chemin depuis leur village jusqu'à nous. Enfin, nous ayant abordés, ils s'arrêtèrent pour nous considérer avec attention. Je me rassurai en voyant ces cérémonies qui ne se font parmi eux qu'entre amis, et bien plus quand je les vis couverts d'étoffe, (ces vieillards ainsi députés vers Marquette et Jolliet durent se parer pour la circonstance de ces étoffes dont aucun autre Illinois ne faisait usage) jugeant par là qu'ils étaient de nos alliés. Je leur parlai donc le premier, et je leur demandai qui ils étaient; ils me répondirent qu'ils étaient Illinois (Iliinioneck ou Illiniois,-hommes, hommes supérieurs. Ils formaient une sorte de confédération de cinq ou six tribus, parmi lesquelles on remarquait les Peoüareas et les Moïngouenus. Le Père Marquette avait déjà rencontré des Illinois à sa mission du Saint- Esprit, au lac Supérieur. Ils parlaient une langue dérivée de l'algonquin) et pour marque de paix, ils nous présentèrent leur pipe pour pétuner. Ensuite ils nous invitèrent d'entrer dans leur village, où tout le peuple nous attendait avec impatience."
Un vieillard se tenait debout à la porte de la cabane où les deux Français devaient être reçus. Les mains tendues vers le soleil, il s'écrie, en voyant arriver les étrangers ; "Que le soleil est beau, Français, quand tu viens nous visiter; tout notre bourg t'attend, et tu entreras en paix dans toutes nos cabanes."
On pénètre alors dans la cabane du chef où beaucoup de monde s'était déjà rendu. Selon le cérémonial ordinaire, on se met à fumer le calumet, à pétuner, pendant que les acclamations populaires, formulées à demi-voix, arrivent aux oreilles des étrangers.
Cependant, le bruit de cette visite extraordinaire s'était répandu à quelque distance. Le grand capitaine de tous les Illinois envoya prier les deux Français de se rendre dans son village -la bourgade de Peoüarea- pour "tenir conseil" avec lui. Nous y allâmes en bonne compagnie, dit le Père Marquette, car tous ces peuples qui n'avaient jamais vu de Français chez eux, ne se lassaient point de nous regarder. Ils se couchaient sur l'herbe le long des chemins, ils nous devançaient, puis ils retournaient sur leurs pas, pour venir nous voir encore; tout cela se faisait sans bruit et avec les marques d'un grand respect.
La bourgade de Peoüarea était considérable. Elle était située sur la rive droite d'une petite rivière qui se jette dans le Mississipi à la frontière sud-est de l'État de l'Iowa. Cette rivière était la Moïngouena, dont, par corruption, on a fait Rivière-des-Moines. Au-dessous du mot "Peoüarea", Jolliet a écrit sur sa carte : "300 cabanes, 180 canots de 50 pieds de long." Les bourgades voisines étaient: Moïngouena (ou Illinois), Atontanta, Pana, Maha et Paoütet.
Une autre bourgade appelée Peoiiarea (Peoria) était située sur la rivière des Illinois.
Le capitaine général, accompagné de deux vieillards, reçut les visiteurs avec solennité, les invitant à entrer dans sa cabane et à pétuner avec son calumet qu'il avait préalablement tenu élevé vers le soleil.
"Voyant tout le monde assemblé en silence, dit le missionnaire, je leur parlai par quatre présents que je leur fis. Par le premier je leur disais que nous marchions en paix pour visiter les nations qui étaient sur la rivière jusqu'à la mer. Par le second je leur déclarai que Dieu qui les a créés avait pitié d'eux, puisque après tout ce temps qu'ils l'ont ignoré, il voulait se faire connaître à tous ces peuples; que j'étais envoyé de sa part pour ce dessein, que c'était à eux à le reconnaître et à lui obéir. Par le troisième, que le grand capitaine des Français leur faisait savoir que c'était lui qui mettait la paix partout et qui avait dompté l'Iroquois. (Auprès des Sauvages de l'Amérique du Nord, c'était l'éloge suprême que l'on pût faire d'un homme que de dire qu'il avait su vaincre l'Iroquois. Le Père Allouëz avait tenu le même langage aux nations réunies à Sainte-Marie du Sault le 14 juin 1671) Enfin, par le quatrième, nous les priions de nous donner toutes les connaissances qu'ils avaient de la mer et des nations par lesquelles nous devions passer pour y arriver.
"Quand j'eus fini mon discours, le capitaine se leva, et tenant la main sur la tête d'un petit esclave qu'il nous voulait donner (Ce petit esclave avait alors neuf ans, selon une lettre de Louis Jolliet du 10 octobre 1674), il parla ainsi:" Je te remercie, Robe-Noire, et toi, Français, -s'adressant à M. Jolliet,- de ce que vous prenez tant de peine pour nous venir visiter; jamais la terre n'a été si belle ni le soleil si éclatant qu'aujourd'hui; jamais notre rivière n'a été si calme, ni si nette de rochers, que vos canots ont enlevés en passant; jamais notre pétun n'a eu si bon goût, ni nos blés n'ont paru si beaux que nous les voyons maintenant. Voici, mon fils, ce que je te donne pour te faire connaître mon coeur ; je te prie d'avoir pitié de moi et de toute ma nation. C'est toi qui connais le Grand Génie qui nous a tous faits. C'est toi qui lui parles et qui écoutes sa parole. Demande-lui qu'il me donne la vie et la santé, et viens demeurer avec nous pour nous le faire connaître. "Cela dit, il mit le petit esclave proche de nous, et nous fit un second présent, qui était un calumet tout mystérieux, dont ils font plus d'état que d'un esclave. Il nous témoignait par ce présent l'estime qu'il faisait de monsieur notre Gouverneur, sur le récit que nous lui en avions fait; et par un troisième, il nous priait, de la part de toute sa nation, de ne pas passer outre, à cause des grands dangers où nous nous exposions."
Le discours du grand chef de Peoüarea n'était certes pas dépourvu de beautés; on pouvait y reconnaître les traits caractéristiques de l'éloquence des indigènes de l'Amérique du Nord aux jours d'hospitalité: des images, de la poésie, du sentiment, -surtout de la générosité et de la déférence,- tout cela manié avec adresse et d'une façon insinuante.
Le "conseil" fut suivi d'un repas somptueux, où figuraient quatre mets" qu'il fallut prendre avec toutes leurs façons."
Le premier était un plat de sagamité (blé d'Inde, eau et graisse) servi dans un crâne de bison. Le second consistait en trois poissons servis dans des assiettes de bois. Pour le troisième, on apporta un grand chien, que l'on venait de tuer et de faire cuire, mais que l'on retira aussitôt en constatant la répugnance des convives. Le quatrième mets était un morceau de boeuf sauvage bien gras.
Le maître des cérémonies, armé d'une sorte de cuiller (ossement tiré de la tête d'un bison), faisait manger les hôtes "comme on ferait manger un petit enfant", par petites bouchées ou peu à la fois.
Aussitôt le festin terminé, les étrangers commencèrent la visite du village, qui était d'au moins trois cents cabanes. Sur leur chemin ils rencontrèrent des hommes qui occupaient dans la tribu une situation exceptionnelle. Marquette en parle en ces termes: "Je ne sais par quelle superstition quelques Illinois, aussi bien que quelques Nadouessis, étant encore jeunes, prennent l'habit des femmes qu'ils gardent toute leur vie. Il y a du mystère ; car ils ne se marient jamais (tandis que la plupart des Illinois sont polygames), et font gloire de s'abaisser à faire tout ce que font les femmes. Ils vont pourtant en guerre, mais ils ne peuvent se servir que de la massue, et non pas de l'arc ni de la flèche qui sont les armes propres des hommes. Ils assistent à toutes les jongleries et aux danses solennelles qui se font à l'honneur du calumet. Ils y chantent, mais ils n'y peuvent pas danser. Ils sont appelés aux conseils, où l'on ne peut rien décider sans leur avis. Enfin par la profession qu'ils font d'une vie extraordinaire, ils passent pour des manitous, c'est-à-dire pour des génies ou des personnes de conséquence."
Les voyageurs remarquèrent aussi des femmes encore jeunes, et d'autres plus âgées, à qui l'on avait coupé le nez ou les oreilles. On leur dit que ces femmes n'avaient pas été sages et que c'étaient leurs maris qui les avaient ainsi mutilées.
"Pendant que nous marchions par les rues -continue le missionnaire- un orateur haranguait continuellement pour obliger tout le monde à nous voir sans nous être importun; on nous présentait partout des ceintures, des jarretières et autres ouvrages faits en poil d'ours et de boeuf, et teints en rouge, en jaune et en gris. Ce sont toutes les raretés qu'ils ont . . . Nous couchâmes dans la cabane du capitaine, et le lendemain nous prîmes congé de lui. Il nous conduisit jusqu'à nos canots avec près de six cents personnes, qui nous virent embarquer, nous donnant toutes les marques qu'ils pouvaient de la joie que notre visite leur avait causée."
La rencontre de Jolliet et de Marquette avec les naturels du pays avait eu lieu -on l'a bien compris- sur la rive ouest du Mississipi, un peu dans l'intérieur des terres, à environ deux petites lieues de l'embouchures de la Rivière-des-Moines.
Ce fut vers la fin du mois de juin que nos voyageurs dirent adieu aux Illinois de Peoüarea. Cette première halte au milieu d'un peuple inconnu leur avait donné une ardeur nouvelle. Le beau pays qu'ils venaient de découvrir leur semblait habité par des hommes d'élite, quoique non encore civilisés et sujets à bien des misères morales. Les espérances du missionnaire et les rêves de l'explorateur pouvaient se donner carrière. Il était environ trois heures de l'après-midi lorsqu'ils s'embarquèrent "à la vue de tous ces peuples," qui ne se lassaient pas d'admirer leurs petits canots, "n'en ayant jamais vu de semblables."
Les embarcations reprennent leur course aventureuse. Bientôt grossi par la rivière des Illinois, qui vient des régions du nord-est lui apporter le tribut de ses eaux, le Mississipi reste néanmoins toujours calme et s'écoule avec lenteur.
Jolliet s'arrête chez des sauvages habitant la bourgade d'Aganatchi, située à peu près où se trouve aujourd'hui la ville de Memphis. Quand ils repartent, les voyageurs voient les rives du fleuve couvertes de cotonniers, d'ormes et de tilleuls admirables pour leur hauteur et leur grosseur.(013-68)
Rencontres plutôt acrimonieuse et inquiétante avec les sauvages de Mitchigaméa, aujourd'hui la petite ville de Helena, Arkansas. (013-069)
Jolliet s'arrête chez les Akanséas. Il reçoit beaucoup d'informations sur le Mississipi et ses habitants jusqu'à la grande mer. Ils étaient à 10 jours de canot de l'actuel Golfe du Mexique. Le village des Akanséas se situe sur la rive est du Mississipi, presqu'en face du confluent du Mississipi et de l'Arkansas, un peu plus au nord. (013-70, 73)

17 juillet 1673: Joliette et ses compagnons quitte Akanséas afin de revenir à la maison. Ils éprouvaient moins d'appréhension mais beaucoup plus de fatigue, à remonter contre les courants, que pendant la descente du fleuve. (013-74)
Louis Jolliet et le Père Marquette quittent les Akanséas pour revenir à la maison
Louis Jolliet et le Père Marquette quittent les Akanséas et reviennent à la maison

complément historique
Après avoir séjournés chez les Kaskaskia (en Illinois), au 38e degré, ils quittent le Mississipi, empruntent la rivière des Illinois, font une halte de quelques jours chez les Péouaréa (près de Peoria, Illinois) et passent par Chicagou (Chicago) pour atteindre le lac Missihiganin (Michigan) (013-74). Jolliet et Marquette sont enchantés du pays arrosé par la rivière Illinois (013-76).

septembre 1673: Ensuite, l'équipage passe devant les Miamis, et circule devant les rives de ce que sera plus tard Milwaukee (fondée au 19e siècle par Salomon Juneau) (013-79). Puis, vers la fin septembre 1673, à la Baie des Puants, vint le temps de la séparation où le Père Marquette prend un chemin différent de Jolliet. (013-79, 81)

automne 1673: Jolliet s'arrête à Saint-Ignace de Michillimakinac et l'automne étant avancé, préfère passer l'hiver à Saut-Ste-Marie (013-81)

mai 1674: Jolliet se met en route vers Québec. Il est accompagné de deux canotiers, dont l'un est le jeune esclave de Péoüaréa. (013-82). Ils passent devant le nouveau fort Frontenac (Katarakoui, aujourd'hui Kingston, Ontario) alors commandé par Robert Cavelier de La Salle. (013-82)

début juillet 1674: Presqu'arrivé à Montréal, le canot de Jolliet chavire dans les sauts face à Lachine. Ses compagnons périrent submergés par les flots. Quant à Jolliet, grâce à son adresse, à sa force physique et à la puissance de sa volonté, il put lutter pendant 4 heures contre la mort. Tous les biens et documents importants qu'il rapportait furent détruits par cette malheureuse affaire. Ses notes de voyage, ses cartes annotées de multiples renseignements, les "raretés" du pays des Illinois et des Arkanséas et une certaine quantité de peaux de castor furent perdus à jamais. (013-83, 82)

après le voyage de Jolliet au Mississippi

1674: En cette année, Jolliet aura 29 ans. (013-92).

1er août 1674: Sous la dictée de Jolliet, le Père Dablon écrivit sa "Relation de la Découverte de la Mer du Sud" et l'expédia en France. (013-85)

1674: En septembre, octobre, le Père Marquette écrit une relation très intéressante de son voyage au pays du Mississipi depuis l'embouchure de la Rivière Miskonsing (Wisconsin) jusqu'à la bourgade d'Akanséa, près de l'embouchure de la rivière Arkansas. La relation a été expédiée en France en 1678 publié sous forme de recueil par Thévenot en 1681. Jolliet avait perdu tous ses écrits de voyage au saut Saint-Louis, près de Montréal, au terme de son voyage, vers la mi-juillet. (013-35, 38)

1er octobre 1674: Monseigneur Montmorency-Laval est nommé évêque de Québec, par le Pape Clément X. (013-88)

10 octobre 1674: Quelques semaines après son arrivée, Jolliet écrivit une lettre à Monseigneur Laval.

Complément historique
Contenu de la lettre de Jolliet à Monseigneur Laval:

"Il n'y a pas longtemps que je suis de retour de mon voyage à la mer du Sud. J'ai eu du bonheur pendant tout ce temps-là, mais en m'en revenant, étant prêt de débarquer au Mont Royal, mon canot tourna, et je perdis deux hommes et ma cassette où étaient tous mes papiers et mon journal avec quelques raretés de ces pays si éloignés.
J'ai beaucoup de regret d'un petit esclave de dix ans qui m'avait été donné en présent. Il était doué d'un bon naturel, plein d'esprit, diligent et obéissant; il s'expliquait en français, commençait à lire et à écrire.
Je fus sauvé après avoir été quatre heures dans l'eau, après avoir perdu la vue et la connaissance, par des pêcheurs qui n'allaient jamais en cet endroit, et qui n'y auraient pas été si la Sainte Vierge ne m'avait obtenu cette grâce de Dieu, qui arrêta le cours de la nature pour me tirer de la mort.
Sans le naufrage, Votre Grandeur aurait reçu une relation assez curieuse, mais il ne m'est rien resté que la vie." (014-220)

1674: Louis Jolliet dresse une carte intitulée : "Nouvelle découverte de plusieurs nations dans la Nouvelle-France, en l'année 1673 et 1674". Le pays situé au nord de la rivière des Illinois y est appelé "La Frontenacie"; le Mississipi y est nommé rivière Buade; l'Illinois devient Rivière Divine; l'Arkansas, Rivière Bazire. (013-40, 41)

10 novembre 1674: Frontenac écrit une lettre à Colbert. Cette lettre est la première constatation officielle des découvertes faites par Jolliet. (014-80)

1674: La population de Québec est d'environ 800 âmes. La gaîté normande s'y alliait à une imprévoyance quelque peu algonquine. On ne craignait pas de perdre une fortune non encore acquise. Les audacieux se donnaient carrière dans de lointaines expéditions. Les sédentaires avaient des moeurs douces et agréables. Les lois criminelles de l'époque étaient rarement appliquées. On faisait bonne chère quand on le pouvait. On donnait déjà dans le luxe des vêtements. Malgré les inquiétudes que faisaient naître les incursions des Iroquois, on avait constamment sur les lèvres des chansons de l'ancienne France, chants d'amour ou de batailles, refrains où revenaient souvent les noms de Paris, Rouen, La Rochelle, Nantes, Saint-Malo "beau port de mer". Ainsi se bâtissait, notre nouveau terroir québécois. (013-93)

1675: Monseigneur François de Montmorency-Laval est nommé évêque de Québec. Louis XIV tenait hardiment à ce que Québec dépende de la province ecclésiastique de Rouen. Le Pape Clément X, songeait aux intérêts du monde catholique, s'y est constamment refusé. Suite à de longues discussions, Québec devint un diocèse et son évêque dépendit du Pape. (013-115)

8 avril 1675: Le Père Marquette fonde la mission Conception à Kaskaskia en Illinois (013-76). Parti de la Baie des Puants en novembre 1674, il avait été contraint par la maladie et la mauvaise saison à passer plusieurs mois dans le voisinage de la rivière des Plaines. Il était accompagné de 2 canotiers Pierre Porteret (il faisait aussi parti de l'expédition de 1673, conduite par Louis Jolliet) et Jacques Lagillier (un "donné" de la Compagnie de Jésus qui se trouvait aussi à Sainte-Marie-du-Saut lors de la prise de possession du 14 juin 1671) (013-107).

19 mai 1675: décès du Père Marquette, 38 ans, comme il l'avait toujours demandé, dans une cabane chétive, au milieu des forêts et dans l'abandon de tout secours humain. (013-112)

Septembre 1675: Monseigneur de Laval et Jacques Duchesneau débarquent à Québec. Ce dernier jouera un rôle important dans la colonie. Il sera intendant de justice, police et finances dans "les pays de Canada, Acadie, île de Terreneuve et autres pays de l'Amérique septentrionale". Il est aussi chargé par le roi de continuer le système inauguré par Jean Talon.

1er octobre 1675: Lecture du contrat de mariage de Louis Jolliet (30 ans) et de Claire-Françoise Bissot (19 ans). Elle est la fille de François Bissot décédé en cette journée du 1er octobre. Ce dernier, sieur de la Rivière, riche marchand, avait eu des intérêts considérables à Mingan, à la Pointe-de-Lévy et dans Québec même. La lecture a eu lieu chez la mère de la jeune fiancée, Madame de Lalande, née Marie Couillard, fille de Guillaume Couillard et petite fille de Louis Hébert. Madame de Lalande était une vaillante. C'est elle dont le nom figure dans la chronique du siège de Québec par l'amiral Phips, en 1690, comme ayant négocié l'échange de prisonniers. (013-118)

7 octobre 1675: mariage de Louis Jolliet et Claire-Françoise Bissot. Par ce mariage, Louis Jolliet devient l'allié de la plupart des familles influentes de Québec. Les familles influentes de la colonie en ce temps: de la Valtrie, Benac, Maheu, Charest, Jolliet, Gourdeau, de Varennes . . . (013-123)

11 août 1676: Naissance de Louis fils, premier enfant de Louis Jolliet. Il décèdera à l'âge de 33 ans. (005)

20 octobre 1676: Louis Jolliet est parmi les habitants appelés par Duchesneau pour déterminer le prix du castor. Louis Jolliet se démarque comme marchand. (014-227)

28 avril 1677: tiré à part d'une lettre de Colbert à l'Intendant M. Duchesneau: (013-127)

Sa Majesté ne veut point accorder au sieur Jolliet la permission qu'il demande de s'aller establir avec vingt hommes au pays des Islinois. Il faut multiplier les habitants du Canada avant que de penser à d'autres terres, et c'est ce que vous devez avoir pour maxime, à l'égard des nouvelles descouvertes qui sont faites.
Cette demande de Jolliet d'une concession au pays des Illinois n'était que logique. Il avait assuré Dablon que: un habitant n'emploierait point dix ans à abattre le bois et à le brûler; dès le même jour qu'il arriverait, il mettrait la charrue en terre

12 juin 1678: Naissance de Charles deuxième enfant de Louis Jolliet. Charles est l'ancêtre d'une branche de la famille Caron, lesquels s'associeront aux Baron-Bélair pour finalement rejoindre la famille Laurendeau de la Rivière-du-Loup (Louiseville, Qc.) (005)

.

26 octobre 1678: Vingt habitants, dont Jolliet, sont convoqués afin de déterminer quoi faire avec la vente illimitée de l'eau-de-vie aux sauvages. Quinze soutinrent que la traite de l'eau-de-vie était absolument nécessaire, trois se prononcèrent contre et deux, Leber et Jolliet, furent d'un avis différent.

complément historique
Voici l'opinion de Jolliet à propos de la traite de l'eau-de-vie:

Il faut défendre sur peine de la vie de transporter des boissons dans les bois au devant des sauvages qui commercent avec les Français, comme auxdits sauvage d'en emporter; mais qu'il soit permis aux habitants de leur en donner dans les maisons et aux lieux où l'on trafique, avec modération, évitant de les enivrer; et s'il arrive quelques désordres, qu'ils soient châtiés. Il n'est pas vrai de dire que tous les sauvages s'enivrent, quelques-uns en usant bien, comme ceux qui sont parmi nous, d'autres en font trafic et achètent de l'eau de vie aux habitations et la portent dans les bois (pour la) vendre en échange du castor, dont ils ont ensuite de la boisson et de marchandise; il s'en trouve, il est vrai, peu de ceux-ci, et de deux cents, il n'y en a pas trois. (014-236)

17 novembre 1678: Louis Jolliet signe le contrat de mariage de son frère Zacharie. (014-240)

2 février 1679: Louis Jolliet prend à gage deux matelots; dont le contrat stipule que les matelots devront être à sa disposition "depuis la navigation prochaine jusqu'à l'automne prochain". (014-241)

10 mars 1679: Louis Jolliet et Jacques de Lalande (beau-père) reçoivent la Seigneurie des iles et ilets de Mingan (013-145). Les concessionnaires pouvaient aussi établir sur ces îles et îlets des pêcheries de morue et de loup-marin (014-241)

11 mars 1679: Acte d'association passé entre Denys Guyon, Marie Laurence, Jacques de Lalande et Louis Jolliet, pour une entreprise de pêche et de traite aux Sept-Iles. (014-243)

9 mai 1679 : Louis Jolliet paie à Charles Cadieu dit Courville le prix de la maison de la rue Sous-le-Fort, achetée l'année précédente. (014-243)

1er octobre 1679: naissance de François, troisième enfant de Louis Jolliet. (005)

carte des voyages de Jolliet
Carte des voyages de Jolliet

Voyage de Louis Jolliet à la Baie d'Hudson

Avant le voyage, de 1679

1607: Hendrick Hudson découvre la Baie d'Hudson au nom du roi d'Angleterre (013-147)

1613: Thomas Button prend possession de la baie d'Hudson, à l'embouchure de la rivière Nelson, et y avait arboré les armes du roi d'Angleterre (014-255).

1er juillet 1632: Thomas James naviguait dans la baie qui porte son nom, et en avait pris possession (014-255)

1647: sept ans après la découverte du lac Saint-Jean par le Père De Quen, les jésuites entendirent parler de villages sauvages "sur les bords de la mer du côté du nord"; ils cherchèrent les moyens de les atteindre (014-247)

1657: Jean Bourdon monte jusqu'à la latitude 55O sur la côte du Labrador. (014-248)

1658: la Relation des Jésuites mentionne plusieurs routes par les terres. Toutes sont pures conjectures fondées sur de vagues données. (014-247)

1660: Un sauvage fit le voyage. Il raconte à un Jésuite qu'on pourrait aller de Tadoussac à la Baie d'Hudson par "deux rivières qui se rendent au lac Saint-Jean, où est la source du fleuve Saguenay". (014-248)

1661: Quatre Canadiens, commandés par Michel Le Neuf, sieur de la Vallière, et deux Pères jésuites, Druillettes et Dablon, se rendirent jusqu'au lac Nicaubau (à 300 milles à vol d'oiseau de la baie d'Hudson), près du partage des eaux de la baie et du Saint-Laurent (014-248). ". . . .les sauvages de la baie du nord de Canada, vinrent exprès à Québec pour confirmer qu'ils voulaient continuer de vivre sous la domination des Français et pour demander un missionnaire . . ." (014-251).

1663: Guillaume Couture, qui avait pris part à l'expédition de 1661, tenta de joindre la baie sans succès (014-248)

1667: Conduit par des Groseilliers et Radisson, l'Anglais Zachariah Gillam entra dans une rivière qu'il appela la Rupert; il bâtit un fort, nommé Charles, et pris possession des pays voisins (014-257).

2 mai 1670: formation de la société "The Governor and Company of Adventurers of England Trading into Hudson's Bay".(014-249)

6 août 1671: Le Jésuite Albanel, Paul Denis, sieur de Saint-Simon et Sébastien Pennasca quittent Québec pour atteindre la baie d'Hudson (014-263)

28 juin 1672: L'expédition du Jésuite Albanel atteint l'embouchure de la rivière Rupert. Les Français pénètrent ainsi, pour la première fois, dans la baie d'Hudson (014-265).

1672: Dans la Relation de cette année, Dablon et Albanel disent formellement, qu'avant 1672, tous les efforts des Français pour atteindre la baie d'Hudson avaient été infructueux (014-258).

Septembre 1674: Le Père Albanel est de retour à la baie d'Hudson (014-267)

13 mai 1679: En attendant que le roi ratifie les titres de sa nouvelle Seigneurie, il le fera le 29 mai 1680, Louis Jolliet entreprend un autre grand voyage. Il se rend à la Baie d'Hudson (découverte par l'anglais Hendrick Hudson en 1607), par la voie du Saguenay, comme l'avait fait avant lui le Père Albanel et son compagnon Paul Denys de Saint-Simon. Arrivé à Tadoussac, Jolliet s'embarque, dans des canots d'écorce, avec 8 coureurs des bois. (013-147).

complément historique
Selon l'usage des voyageurs-forestiers de l'époque, Jolliet et ses compagnons devaient être vêtus d'habits confectionnés avec ces peaux de caribous que savent si bien tanner les aborigènes. A distance on les prit d'abord pour des Indiens, mais laissons parler M. Pierre Margry, qui a eu le journal de voyage de Jolliet entre les mains (013-149).

. . . après avoir doublé le cap. Nous eûmes, le plaisir, pendant un beau calme, de considérer la mer (la Baie d'Hudson) et le fort des Anglais, qui n'était qu'à une lieue de nous.(petit fort construit par le huguenot Chouart des Groseillers deux ans auparavant). Le courant mena Jolliet et ses amis devant le fort, où personne ne paraissait. Ils avisèrent en conséquence de tirer un coup de fusil pour faire sortir quelqu'un. On répondit immédiatement à ce coup, non du fort, où il n'y avait point de monde, mais de l'autre côté de la rivière, où Jolliet et ses compagnons aperçurent trois Anglais à la chasse, à une grande distance ; ces hommes les prirent d'abord pour des sauvages, et ils vinrent à eux sur les battures. Mais lorsque l'Anglais qui devançait les autres eût remarqué que ces visiteurs n'étaient pas de leurs gens, il se replia sur les deux autres. Ce fut en vain que Jolliet le pressait d'approcher de lui sans peur. Il semblait que au contraire ce fût pour l'Anglais une raison de se hâter davantage vers les siens. Cependant, quand il les eut rejoints, il s'arrêta. Jolliet alors débarqua et dit à un de ces hommes, qui entendait notre langue, qu'il était Français, qu'il se nommait Jolliet. Aussitôt eut lieu entre eux un échange de civilités : puis l'un d'eux s'étant embarqué avec les nôtres, les deux autres se mirent dans un canot sauvage que nos voyageurs avaient trouvé six lieues plus haut.
L'Anglais qui était dans le canot français n'entendant pas notre langue, Jolliet lui parla en latin, et quoique la différence de prononciation les empêchât souvent de se comprendre, ils parvinrent à se faire connaitre leurs pensées.
L'Anglais montra d'abord à Jolliet la péninsule sur laquelle était leur gouverneur, à trois ou quatre lieues au large, avec un navire de douze pièces de canon et deux petites barques. Il mena ensuite nos Français au fort, où ils furent très bien reçus.
Le dessein de Jolliet était de partir le lendemain, sans attendre le gouverneur, mais les Anglais lui firent tant d'instances pour demeurer. . .
L'explorateur québecquois ignorait que sa réputation l'eût précédé dans ces régions lointaines . . . Le gouverneur, qui avait entendu parler de Jolliet et de sa découverte du Mississipi, vint le trouver . . ."
Monsieur, dit le gouverneur à Jolliet, soyez le bienvenu; vous êtes ici en paix et n'avez rien à craindre. Vous y demeurerez tant qu'il vous plaira, et quand vous voudrez vous en retourner, je vous aiderai. Puis, lui faisant des compliments de sa découverte, il ajouta, en le prenant par la main : " Les Anglais font cas des découvreurs."
Le reste de la journée se passa en conversation dans lesquelles Jolliet apprit sur les établissements de cette baie tout ce qu'il pouvait désirer de connaître. Les Anglais, au nombre de soixante hommes, y avaient trois forts assez éloignés les uns des autres, et se préparaient à en faire un quatrième au printemps prochain, en avançant de plus en plus à l'ouest, vers les embouchures des rivières qui viennent du lac Supérieur, et habitées par les nations accoutumées à commercer avec les Français. Un navire de douze pièces de canon gardait les côtes ; une barque de 40 tonneaux, et une autre de quinze allaient à la traite à toutes les rivières de la baie, où ils tiraient des sauvages autant de castors qu'ils en voulaient, depuis un an surtout qu'ils avaient pénétré à l'ouest de la baie. Le gouverneur dit à Jolliet que quelque chose pouvait encore rendre cet établissement plus considérable, mais il ne s'expliqua pas.
Le gouverneur lui marqua, en effet, le désir qu'il avait de l'attacher au service de l'Angleterre, pour fonder un établissement aux Assiniboels et découvrir les nations situées au delà de celles que le comte de Frontenac, dit Jolliet, avait fait venir il y avait quatre ans (1675). Le gouverneur anglais lui annonça qu'il leur avait envoyé cette année un présent pour les attirer à lui . . . il lui offrait dix mille livres une fois payées et une pension de mille autres.
L'explorateur canadien répondit simplement "qu'il était né sujet du roi de France et qu'il se ferait gloire de le servir toute sa vie avec fidélité."
Notre explorateur fut de retour à Québec le 27 octobre 1679, après sept mois de son excursion, qui ne fut pas inutile en ce qu'elle apprit les dangers que courait le commerce français pour le castor. Son récit causa même des alarmes très vives.
Jolliet exposait que, si les dangers que causaient les intérêts de la traite étaient grands, il était excessivement facile d'en priver les Anglais, que leurs forts n'étaient que de petits carrés de pieux renfermant leurs maisons, qu'ils les bâtissaient moins pour résister aux armes qu'au froid, ne se méfiant pas qu'on pût les attaquer par terre, et croyant qu'ils n'avaient qu'à garder les avenues du côté de la mer.
Le voyage de Jolliet eut pour résultat la création d'une compagnie qui se forma quelque temps après pour l'exploitation de la baie.

Louis Jolliet sieur d'Anticostie

1680: Louis Jolliet reçoit une concession en seigneurie laquelle est une des plus belles du Royaume de France. Il s'agit de l'Ile d'Anticosti, qui a une superficie de 1,664,000 acres (L'ile du Prince-Edouard n'en a que 1,365,120) (013-156). Jolliet s'y rend immédiatement et commence à y faire quelques défrichements (013-162). Ce fief lui est donné en considération de la découverte du pays des Illinois . . . et du voyage qu'il vient de faire à la baie d'Hudson . . . (014-283, 284).

complément historique
En 1926, le français Gaston Menier (riche chocolatier), propriétaire du fief, le vendait pour la somme de 6,500,000 dollars (014-285).

29 mai 1680: Le Roi ratifie la concession de Mingan en faveur de Jolliet (014-297)

1681: Jolliet s'installe, avec sa famille, dans sa nouvelle seigneurie d'Anticosti. Le recensement de cette année fait connaître la population de l'ile: Louis Jolliet, sa femme, quatre enfants, cinq serviteurs, une servante, soit 12 personnes. On y avait alors défriché deux arpents de terre et on y avait transporté deux bêtes à cornes. L'établissement était muni de six fusils.

12 janvier 1681: Naissance de Marie-Geneviève-Claire, à l'Islet, quatrième enfant de Louis Jolliet. Elle mariera Jean Grignon en 1696. (005)

1682: Cavelier de la Salle découvre les bouches du Mississipi (013-19). Ce faisant, il termine la découverte du Mississipi, commencée par Jolliet en 1673 (013-225).

1682: Une compagnie de commerce se fonde à Québec : la "Compagnie de la Baie du Nord". Radisson accepte de se mettre à son service et part pour la baie. Là, il s'empare d'une énorme quantité de pelleteries amassées pour ses anciens patrons (Anglais), et revient à Québec sur un vaisseau, propriété de la Hudson's Bay Company. Cette prise n'a pas l'heur de plaire à la Barre; il fait remettre le vaisseau au capitaine, Benjamin Gillam. Radisson porte plainte à Paris. Rebuté de ce côté, il retourne en Angleterre où il entre de nouveau au service de la Hudson's Bay Company. (014-249)

11 mai 1683: Naissance de Jean-Baptiste, à Québec, cinquième enfant de Louis Jolliet. Il mariera avec Marie Mars en 1708.(005)

10 octobre 1683: Jolliet prend à gage un domestique (014-300).

1er décembre 1683: Jolliet signe un contrat avec Claude Baillif pour construction d'une maison à Québec (014-301).

Mai 1684: Radisson, dégouté par l'attitude de la Barre, fait voile pour la baie, remet aux Anglais de Port Nelson, toutes les pelleteries recueillis pour les marchands Canadiens par ses anciens compagnons, et les persuade d'entrer eux aussi au service de la Hudson's Bay Company; puis après avoir fait présent à la Compagnie, du fort bâti à l'embouchure de la rivière Nelson, s'en revient en Angleterre au commencement de septembre. (014-249, 250)

1685: La Compagnie de la Baie du Nord, basée à Québec, apprend la trahison de son employé Radisson. Denonville envoi une expédition à la baie d'Hudson pour y déloger les anglais. (014-250)

23 janvier 1685: Jolliet prend à gage un matelot pour le voyage de Québec à l'Île d'Anticosti (014-302).

6 mars 1685: Naissance de Marie-Claire, sixième enfant de Louis Jolliet, à Québec. Elle se mariera avec Joseph Fleury de La Gorgentière, sieur Deschambault en 1702. Il est écrit dans le livre "Histoire des Seigneurs de la Côte-du-Sud" écrit par l'abbé Couillard, que Marie-Claire aurait eue 32 enfants. (005)

10 novembre 1685: De Québec, Jolliet écrit à Seignelay et joint une carte détaillée "du Golphe et fleuve St Laurent". Ce serait la plus ancienne lettre autographe qui soit parvenue de lui (014-303, 304):

complément historique
Monseigneur,
Ce n'est pas sans raison que de tout temps, ceux qui sont venus dans ce pays de la Nouvelle-France, ont appréhendé l'entrée du golfe de Saint-Laurent et tous les passages depuis Anticosti jusqu'à Québec, à plus de cent trente lieues l'un de l'autre.
On sait, Monseigneur, que plusieurs navires envoyés par Sa Majesté aussi bien que par les marchands ont péri dans ledit fleuve, faute de cartes sur lesquelles on put naviguer.
L'expérience que j'ai depuis dix-huit ans employés après mes études de philosophie et de mathématiques dans les voyages que j'ai faits, tant sur la rivière de Mississipi, le pays des Illinois, le lac des Puants, la contrée des Winnebago, le lac Supérieur, la baie du Nord, Anticosti, l'île Percée, Belle Isle et Terre Neuve, toujours le compas ou la boussole à la main, pour marquer tous les caps et toutes les pointes, les rumbs qu'il faut tenir pour aller de l'un à l'autre, me donne la hardiesse, Monseigneur, de vous présenter cette carte, qui est de mon travail seul depuis six années. Vous y verrez toutes les ances, îles et îlets, côtes et battures, depuis Québec jusqu'à Terre Neuve. Les vais seaux de Sa Majesté et autres qui voudront s'en servir ne doivent rien craindre s'ils la suivent.
Je peux dire qu'elle est parfaite, puisque je ne l'ai achevée qu'après les connaissances et les remarques que j'y ai faites quarante-six fois en barque et trois en canot. Le bon et le mauvais des ances et mouillages, y sont marqués fidèlement suivant la boussole.
Je n'y ajoute point la carte des Illinois, du Mississipi, ni de la baie du Nord par les terres, parce que celles qui ont été envoyées à Sa Majesté ces années dernières, n'ont été faites que sur mes mémoires. Les entreprises même que l'on fait à présent dans le pays du Canada, ne sont qu'en conséquence des lumières que j'ai donnés.
Il restait seulement, Monseigneur, à vous donner une carte du fleuve Saint-Laurent, exacte et sûre pour les barques et navires, autant que la peut faire un homme de plusieurs années d'expérience. Il vous prie humblement de la recevoir comme de celui qui se fit avec tout le respect possible, Monseigneur,
Votre humble et très obéissant serviteur,
signature de Jolliet

1685: Jolliet a déjà hiverné 2 fois à Anticosti, dans la maison qu'il avait fait faire et l'hiver lui avait paru beaucoup moins rude qu'à Québec.

16 mars 1687: Cavalier de la Salle meurt, assassiné, au Texas (013-225).

1689: Le Père Simon de la Place est le premier missionnaire qui soit allé annoncer l'Évangile aux Esquimaux (013-180)

7 mai 1689: Le Prince d'Orange, devenu Guillaume III, déclare la guerre à Louis XIV (013-171)

1690: Phips assiège Québec, tous les établissements du bas du fleuve sont détruits. C'est ainsi que le Fort de Jolliet sur l'ile Anticosti et son établissement sur les iles de Mingan sont incendiés. (013-171)

octobre 1690: Madame de Lalande, sa fille Madame Louis Jolliet et Monsieur de Grandville sont faits prisonniers par les Anglais de Phips. Ils assistèrent, à bord du Six Friends, au bombardement de Québec. Dans sa relation du siège de 1690, Charlevoix dit que les Anglais découragés et humiliés, se décidèrent, le 23 octobre, à s'en retourner à Boston. Madame de Lalande s'occupa de la libération d'un bon nombre de Français, lesquels furent échangés contre des prisonniers Anglais. (013-172)

28 octobre 1690: Dans la déroute des armées de Phips, 4 navires de la flotte font naufrage sur "the desolated and hideous island of Anticosta", seigneurie de Jolliet. (013-173)

carte de l'ile Anticostie Ile Anticostie

Voyage de Louis Jolliet au Labrador

avant le voyage de 1694

août 1586: John Davis écrit : "Nous arrivâmes dans un très bon port à la latitude 56o, et y naviguâmes dix lieues. Ce port a deux lieues de large ; il y a de beaux bois de chaque côté." Davis se trouve alors à quelque quinze milles au-dessous de la plus haute latitude atteinte par Jolliet en 1694. (014-317)

1602: George Waymouth explore une baie à une latitude de 56o. (014-317)

13 juin 1606: John Night voit la terre à la latitude 57o 25', mais fut pris par les glaces et dériva. Les Esquimaux ont tué John Night et quelques membres de l'équipage. (014-318)

1657: Jean Bourdon atteint la latitude 55o. (014-318)

1682: Médard Chouart et Pierre-Esprit Radisson naviguent le long de la côte du Labrador avec le pilote Pierre Allemand. Ils atterrissent au dessus de la latitude 57o 30', près du village actuel d'Okkak, et y demeure deux jours à traiter avec les Esquimaux. (014-319)

2 novembre 1693: de Québec, Jolliet écrit une lettre à Lagny (014-311):

complément historique
Monsieur,
Aussitôt que j'ai été averti que vous souhaitiez une de mes cartes, j'ai travaillé avec toute l'inclination et l'application possibles. J'avais vu plusieurs fois, depuis dix-huit ans, tout le fleuve, et j'en avais écrit tous les rumbs de vent et observé les hauteurs en divers endroits, comme je les ai marqués. Pour ce qui est du détroit de la baie d'Hudson, M. d'Iberville m'en a donné ses mémoires qui sont fort justes. Je ne vous marque rien, Monsieur, du passage de Canceau ni de Plaisance, parce que je n'y ai pas été, et j'aime mieux vous donner pour le présent une carte imparfaite que défectueuse.
A l'égard de cette mer que je nomme inconnue, vers les 57 degrés et demi de latitude, je n'en ai approché qu'à cinq ou six journées. Les sauvages que j'ai vus dans mon chemin, m'ont assuré qu'elle est grande et qu'il n'y paraît que de l'eau du côté nord. Cela me fait dire qu'il est probable que toutes les terres qui font les bords du détroit d'Hudson ne sont que des îles, et que l'on pourrait trouver d'autres passages qui ne seraient pas si nord, et par conséquent hors du chemin des ennemis, pour entrer dans la baie.
Les sauvages de cette mer inconnue n'ont jamais vu de Français. Ils s'habillent de peaux de caribou, se nourrissent de leur chair et de celle de castor; quelquefois de saumons, de truites, et de loup-marin, dont l'huile leur sert de beurre et de vinaigre. Ils font des canots que nous ne connaissons pas.
On trouve le long des côtes du Labrador des Esquimaux qui sont en grand nombre. Quand ils n'ont pas de commodité pour faire du feu, ils mangent la viande et le poisson tout cru. Ils sont d'une taille haute, ont le visage et le corps blancs, et les cheveux frisés. Chacun a plusieurs femmes, fort blanches et bien faites; leurs cheveux traînent à terre. Elles sont fort adroites à la couture. Comme les hommes elles se couvrent de peaux de loup-marin, et ont pour toutes sortes de choses beaucoup d'industrie.
Sans les deux pertes considérables que j'ai faites par les Anglais, note plus bas j'aurais poursuivi cette découverte; mais à moins d'être un peu aidé par la Cour, il m'est inutile d'y songer. Vous pouvez tout, Monsieur, et je ne doute pas, si le roi veut qu'on la fasse, que vous n'ayez un jour de la joie d'avoir fait porter le premier à ces peuples barbares les lumières de l'Évangile et la connaissance de la grandeur de Sa Majesté.
On pourrait faire avec eux un trafic assez considérable d'huile de loup-marin et de baleine, et en chemin, un peu de morue pour payer une partie des frais.
Lorsqu'on me jugera capable de faire quelque chose, je serai toujours prêt à marcher et à servir avec fidélité.
Je vous prie très humblement, Monsieur de donner mon placet à Monseigneur de Pontchartrain et de vous souvenir de ce que Monsieur le comte de Frontenac vous écrit en ma faveur. Je vous en aurai des obligations infinies, qui ne feront pourtant pas que je sois plus que je suis, Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
signature de Jolliet

Note: "Il (Louis Jolliet) fit une perte considérable il y a trois ans, quand les Anglois en venant nous attaquer lui prirent sa barque, sa femme et sa belle-mère, et pour plus de dix ou douze milles francs de marchandises; deux vaisseaux anglois achevèrent de le ruiner l'année dernière en luy brulant tous les bastiments qu'il avoit à Mingan et aux Sept Isles, et luy ayant enlevé tout ce qui lui restoit." Frontenac à Lagny, 23 octobre 1793.

28 avril 1694: Jolliet, quitte Québec, sur le navire Saint-François, à destination des iles de Mingan, du détroit de Belle-Ile et du Labrador océanique (013-178)

12 juillet 1694: Durant l'expédition de Jolliet au Labrador, on entendit 2 coups de canon au loin. Jolliet s'embarqua dans un canot avec 2 hommes pour aller à la découverte. Il reconnut que c'était des glaces qui avaient ce bruit en se brisant et en tombant dans la mer. Durant leur voyage, ils rencontrèrent "des glaces qui, dans le lointain, paraissaient comme des châteaux". (013-181)

15 juillet 1694: Durant l'expédition de Jolliet au Labrador, il y a rencontre d'un groupe d'Esquimaux. (013-182)

24 juillet 1694: Visite d'un village Esquimaux par l'équipage de l'expédition de Jolliet (013-188). Jolliet "reconnut en eux une grande propension à rire, et un esprit comme des façon d'agir tenant plus du Français que du Sauvage" (013-189).

28 octobre 1694 : Jolliet écrit à Monsieur de Lagny (014-323):

complément historique
Monsieur,
J'arrive de la découverte du Labrador, pays des Esquimaux. Mon journal est au point, mais la carte n'est pas achevée. Par le dernier vaisseau, je prendrai la liberté de vous envoyer le tout. J'ai été cinq mois et demi dans mon voyage; j'ai écrit ce que j'ai jugé digne de remarque: des terres, des passages, des sauvages, de leurs moeurs, de leurs façons d'agir, de leurs politiques, et autres choses inconnues jusqu'à présent. Quand vous aurez reçu tout mon travail, Monsieur, vous connaîtrez premièrement le zèle que j'ai pour la gloire de Dieu, le service du roi, et puis, avec combien de respect je me dis, Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
Jolliet

Les dernières années de Jolliet

10 novembre 1695: Dans la dépêche de ce jour, Frontenac et Champigny notifient le ministre Ponchartrin qu'on donnera quatre cents livres à Jolliet "en considération de ce qu'il a fait par le passé". (014-371)

Novembre 1695: Frontenac et Champigny demandent à Jolliet de piloter "La Charente" jusqu'en France. Pour ce travail, il recevra six cents livres. Jolliet se serait alors rendu à Paris et serait revenu au pays au printemps 1696. (014-372, 373)

13 juin 1696: Jolliet est parrain au baptême d'un sauvage. (014-373)

30 avril 1697: Louis Jolliet reçoit le titre de professeur d'hydrographie pour le roi à Québec. Aussi, il reçoit une seigneurie, c'est sa troisième seigneurie, près de Québec (aujourd'hui paroisse Sainte-Claire, Comté Dorchester)(013-200)

1698: Louis Jolliet fait une carte d'Anticosti et du golfe du Saint-Laurent. On y voit que la "Baie des Molnës" a, plus tard, pris le nom de "Molue Bay" pour aujourd'hui se nommer "La Malbaie". (013-9) Note: Dans le livre de Gagnon (013), il est écrit 1658, ce qui paraît peu probable car Louis Jolliet aurait eu 13 ans. 53 ans nous paraissent plus probables.

28 novembre 1698: mort de Frontenac (013-203)

23 octobre 1699: Jolliet publie une carte intitulée "Carte de la Baie d'Hudson et du Labrador". (013-197)

4 mai 1700: Jolliet signe aux registres de la cathédrale comme témoin au mariage de Jérôme Corda et d'Anne Normand. (014-375)

mort de Jolliet

entre le 4 mai et le 15 septembre 1700: Mort de Jolliet. Dans un agenda des prêtres de la cathédrale où ils notaient les funérailles et les messes de requiem chantées par eux, on lit pour l'année 1700; "Le 15 septembre, un service pour défunt M. Jolliet en reconnaissance d'avoir joué des orgues à la cathédrale et paroisse pendant beaucoup d'années. Fait gratis". (014-375)
Une vue de Québec au moment du décès de Louis Jolliet
Une vue de Québec au moment du décès de Louis Jolliet

Selon un écrit de M. Margry:
"Feu mon honorable ami M. l'abbé Ferland supposait qu'il (Louis Jolliet) était décédé dans son île d'Anticosti. Un document me permet de dire qu'il fut inhumé dans une des îles Mingan, celle qui est située devant le Gros Mécatina" (013-204). Nous pouvons donc remarquer que personne ne sait avec exactitude où et comment le Grand Jolliet est mort.

À défaut d'indication sur le lieu de la mort et de l'inhumation de Jolliet, l'hypothèse devient plausible qu'il aurait pu être victime d'un accident maritime ou qu'il soit tombé à la mer. Dans ce dernier cas, on peut lui appliquer quelque vers d'Oceano Nox (014-381):
Oh! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste fortune !
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l'aveugle océan à jamais enfouis !
. . . . . . .
Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues !
Vous roulez à travers les sombres étendues,
Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus.

Louis Jolliet meurt pauvre. En 1702, on voit sa femme, Claire Bissot, s'adresser au Conseil Souverain pour demander l'inventaire de la succession de son mari, afin de décider s'il lui serait avantageux ou non de renoncer à la succession. Elle même meurt dans la misère. (014-383)

Le nom de Louis Jolliet fût inconnu au Canada durant la première moitié du XIXe siècle. (014-384)

Quelques historiens ont représenté Jolliet comme une victime de l'ingratitude des hommes. S'il a été victime de quelqu'un, c'est de lui-même, de son zèle pour la science, de sa passion pour les voyages lointains et difficiles. Dans ses "Notes" sur la Nouvelle- France, M. Barrisse a écrit: "Louis Jolliet était un très honnête homme, aussi zélé qu'instruit;" l'explorateur québecquois était, de plus, extrêmement désintéressé: s'il eût donné à la poursuite de la fortune la moitié de l'énergie qu'il apporta à continuer ses voyages d'observations et de découvertes, il eût pu réparer les pertes que lui fit subir la flotte de Phips et arriver à une grande aisance. Il n'amassa pas de richesses, mais il sut laisser à ses fils l'habitude des occupations viriles et à tous ses enfants une situation qui leur permit de contracter d'honorables alliances. Ses contemporains ne lui furent pas hostiles: c'est plutôt la postérité qui, jusqu'à la mémorable fête célébrée à l'Université Laval le I7 juin 1873, s'est montrée trop oublieuse à son égard.

Le mystère qui entoure la fin de la carrière de Louis Jolliet, le cadre dans lequel se déroulèrent les derniers événements de sa vie, les diverses péripéties de ces événements eux-mêmes, tout cela est empreint d'une grandeur que les poètes ne manqueront pas d'exploiter. M. Louis Fréchette a déjà chanté le découvreur du Mississipi dans de belles strophes plusieurs fois éditées; qui maintenant chantera le premier habitant d'Anticosti, l'explorateur des solitudes boréales et du Labrador océanique ? (013-205, 206)

Jolliet

Le grand fleuve dormait couché dans la savane.
Dans les lointains brumeux passaient en caravane
De farouches troupeaux d'élans et de bisons.
Drapé dans les rayons de l'aube matinale,
Le désert déployait sa splendeur virginale
Sur d'insondables horizons.

Juin brillait. Sur les eaux, dans l'herbe des pelouses,
Sur les sommets, au fond des profondeurs jalouses,
L'Été fécond chantait ses sauvages amours.
Du Sud à l'Aquilon, du Couchant à l'Aurore,
Toute l'immensité semblait garder encore
La majesté des premiers jours.

Travail mystérieux! les rochers aux fronts chauves,
Les pampas, les bayous, les bois, les antres fauves,
Tout semblait tressaillir sous un souffle effréné;
On sentait palpiter les solitudes mornes,
Comme au jour où vibra, dans l'espace sans bornes,
L'hymne du monde nouveau-né.

L'Inconnu trônait là dans sa grandeur première.
Splendide, et tacheté d'ombres et de lumière,
Comme un reptile immense au soleil engourdi,
Le veux Meschacébé, vierge encor de servage,
Déployait ses anneaux de rivage en rivage
Jusques aux golfes du Midi.

Écharpe de Titan sur le globe enroulée,
Le grand fleuve épanchait sa nappe immaculée
Des régions de l'Ourse aux plages d'Orion,
Baignant le steppe aride et les bosquets d'orange,
Et mariant ainsi dans un hymen étrange
L'Équateur au Septentrion.

Fier de sa liberté, fier de ses flots sans nombre,
Fier des grands bois mouvants qui lui versent leur ombre,
Le Roi-des-Eaux n'avait encore, en aucun lieu
Où l'avait promené sa course vagabonde,
Déposé le tribut de sa vague profonde,
Que devant le soleil et Dieu ! . . .;

Jolliet! Jolliet! quel spectacle féerique
Dut frapper ton regard, quand ta nef historique
Bondit sur les flots d'or du grand fleuve inconnu!
Quel sourire d'orgueil dut effleurer ta lèvre!
Quel éclair triomphant, à cet instant de fièvre,
Dut resplendir sur ton front nu!

Le voyez-vous, là-bas, debout comme un prophète,
L'oeil tout illuminé d'audace satisfaite,
La main tendue au loin vers l'Occident bronzé,
Prendre possession de ce domaine immense,
Au nom du Dieu vivant, au nom du roi de France,
Et du monde civilisé ?

Puis, bercé par la houle, et bercé par ses rêves,
L'oreille ouverte aux bruits harmonieux des grèves,
Humant l'âcre parfum des grands bois odorants,
Rasant les îlots verts et les dunes d'opale,
De méandre en méandre, au fil de l'onde pâle,
Suivre le cours des flots errants!

À son aspect, du sein des flottantes ramures,
Montait comme un concert de chants et de murmures ;
Des vols d'oiseaux marins s'élevaient des roseaux,
Et, pour montrer la route à la pirogue frêle,
S'enfuyaient en avant, traînant leur ombre grêle
Dans le pli lumineux des eaux.

Et pendant qu'il allait voguant à la dérive,
On aurait dit qu'au loin les arbres de la rive,
En arceaux parfumés penchés sur son chemin,
Saluaient le héros dont l'énergique audace
Venaient d'inscrire encor le nom de notre race
Aux fastes de l'esprit humain !

Ô grand Meschacébé ! - voyageur taciturne,
Bien des fois, aux rayons de l'étoile nocturne,
Sur tes bords endormis je suis venu m'asseoir;
Et là, seul et rêveur, perdu sous les grands ormes,
J'ai souvent du regard suivi d'étranges formes
Glissant dans les brumes du soir.

Tantôt je croyais voir, sous les vertes arcades,
Du fatal De Soto passer les cavalcades
En jetant au désert un défi solennel;
Tantôt c'était Marquette errant dans la prairie,
Impatient d'offrir un monde à sa patrie.
Et des âmes à l'Éternel.

Parfois, dans le lointain, ma prunelle trompée
Croyait voir de La Salle étinceler l'épée,
Et parfois, morne essaim sortant je ne sais d'où,
Devant une humble croix - ô puissance magique!
De farouches guerriers à l'oeil sombre et tragique
Passer en pliant le genou !

Et puis, berçant mon âme aux rêves des poètes,
J'entrevoyais aussi de blanches silhouettes,
Doux fantômes flottant dans le vague des nuits:
Atala, Gabriel, Chactas, Evangeline,
Et l'ombre de René, debout sur la colline,
Pleurant ses éternels ennuis.

Et j'endormais ainsi mes souvenirs moroses . . .
Mais de ces visions poétiques et roses
Celle qui plus souvent venait frapper mon oeil,
C'était, passant au loin dans un reflet de gloire,
Ce hardi pionnier dont notre jeune histoire
Redit le nom avec orgueil.

Jolliet! Jolliet! deux siècles de conquêtes,
Deux siècles sans rivaux ont passé sur nos têtes,
Depuis l'heure sublime, où, de ta propre main,
Tu jetas d'un seul trait sur la carte du monde
Ces vastes régions, zone immense et féconde,
Futur grenier du genre humain!

Deux siècles sont passés depuis que ton génie
Nous fraya le chemin de la terre bénie
Que Dieu fit avec tant de prodigalité,
Qu'elle garde toujours dans les plis de sa robe,
Pour les déshérités de tous les points du globe,
Du pain avec la liberté!

Oui, deux siècles ont fui! La solitude vierge
N'est plus là! Du progrès le flot montant submerge
Les vestiges derniers d'un passé qui finit.
Où le désert dormait grandit la métropole;
Et le fleuve asservi courbe sa large épaule
Sous l'arche aux piles de granit!

Plus de forêts sans fin! la vapeur les sillonne;
L'astre des jours nouveaux sur tous les points rayonne;
L'enfant de la nature est évangélisé;
Le soc du laboureur fertilise la plaine;
Et le surplus doré de sa gerbe trop pleine
Nourrit le vieux monde épuisé!

Des plus purs dévoûments merveilleuse semence!
Qui de vous eût jamais rêvé cette oeuvre immense,
Ô Jolliet, et vous, apôtres ingénus,
Vaillants soldats de Dieu, sans orgueil et sans crainte,
Qui portiez le flambeau de la vérité sainte
Dans ces parages inconnus ?

Des volontés du ciel exécuteurs dociles,
Vous fûtes les jalons qui rendent plus faciles
Les durs sentiers où doit marcher l'humanité . . .
Gloire à vous tous! du Temps franchissant les abîmes,
Vos noms environnés d'auréoles sublimes
Ont droit à l'immortalité!

Et toi, de ces héros généreuse patrie,
Sol canadien, qu'on aime avec idolâtrie,
Dans l'accomplissement de tous ces grands travaux,
Quand je pèse la part que le ciel t'a donnée,
Les yeux sur l'avenir, terre prédestinée,
J'ai foi dans tes destins nouveaux !

Composé par Louis-Honoré Fréchette
et lu par l'auteur, le 17 juin 1873, lors de la célébration à l'Université Laval, du 200e anniversaire de la découverte du Mississipi; ce poême a depuis été inséré dans la Légende d'un Peuple.

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