Petite histoire d'un héritage historique Québécois du XVIIe siècle

Little story of a Québécois Historical Heritage of the XVIIth century

Texte (written by) : Simon Gilbert

Internet, la haute vitesse et la vie filent à vive allure. Quelquefois devant une bonne tasse de café, il peut nous arriver de nous arrêter pour souffler un peu et peut-être de réfléchir sur nos origines familiales et notre histoire commune . . .

Quels sont les éléments du patrimoine qui puisse nous rappeler les premiers jours du pays, les premiers contacts de nos ancêtres en sol Canadien, à une époque ou ce pays s'appelait La Nouvelle-France . . . Cette époque des guerres coloniales et des hauts faits d'armes de nos ancêtres qui nous font beaucoup rêver.

Maintenant, laissez-moi vous raconter une belle histoire. Celle d'une petite pièce que je qualifierais de "sacré".

Elle provient de la région du Saguenay. Un objet témoin de cette époque ou longtemps la traite des pelleteries a représenté la seule richesse du pays. Notre histoire est liée aux commerces avec les autochtones fournisseurs et aux traiteurs français qui les côtoyaient et bien entendue à la conversion de ces derniers au catholicisme par les missionnaires jésuites.

Mais quel est ce trésor?

Il s'agit d'une rarissime platine de fusil à silex française datant vers 1660 (voir image 1 plus bas) qui provenait de l'ancienne collection du défunt Musée du Saguenay*, historiquement documenté par les historiens, l'objet fut acquis par un collectionneur privé de Montmagny.

La platine est la partie mécanique de mise à feu du fusil. Elle fut retrouvée sur les rives du lac Manouan en 1955 par un dénommé Michel Brault. Le nom de l'habile artisan qui l'a forgée est toujours lisible, entaillé sur la queue de la platine à la verticale, "DVPRE" pour Barthélemy Dupré un arquebusier à Saint-Étienne, (Loire) en France au XVIIe siècle, (voir image 2) qui serait probablement tombé dans les oubliettes de l'histoire sans ce témoignage du passé qui nous le fait revivre. La platine fut retrouvée dans un état exceptionnel de préservation, dégageant un sentiment de vieillesse. Elle nous parle d'elle-même avec sa couleur métallique noircie par plus de trois siècles d'exposition au dur climat québécois. C'est une partie méconnue de notre histoire qui se reflète en elle.

La platine a une surface arrondie, comme le chien (partie arrière pivotante en forme de "col de cygne") ce qui est typique de l'époque. Après observation on peut se rentre compte de l'absence de vis de fixation qui auraient indiqué que la platine était partie prenante d'une monture lors de sa perte ou de son abandon. Il s'agit donc d'une pièce détachée sans doute récupérée par un poste de traite pour une réparation éventuelle, probablement celui de Métabetchouan 1676-1697. Par sa construction et sa taille (14.8 cm), nous pouvons déduire qu'elle provenait d'un fusil de chasse, l'arme de tous les jours du milicien canadien et non d'une arme militaire française. D'ailleurs, Barthélemy Dupré produisait justement des armes de chasse pour l'exportation vers les colonies.

Très peu d'exemplaires d'armes françaises du milieu du XVIIe sont parvenus jusqu'à nous. Il nous faut donc prendre grand soin de ce témoin du passé pour nos générations futures.

Les trésors ne sont pas toujours faits d'or, et quelques fois ce sont de si petit précieux objet.

*Numéro de référence de la platine Dupré dans l'ancienne collection du Musée du Saguenay: 1975-0218.

Internet, high-speed and our way of living occupy all our time and make us forget important things from our past. Sometimes, in front of a good coffee cup, we might have some thoughts about the origins of our families and the history of our peoples . . .

A long time ago, when the country was bearing the name of La Nouvelle France, we were living the Colonial Wars period. The courage, the determination and the victories of our ancestors still make us dream. Today, which element of our patrimony has the power to remember those first days and the first contacts our ancestors had with the Canadian ground?

Let me tell you a nice story. The anecdote of a small piece I would qualify as "sacred".

This small piece comes from an area called Saguenay, which is located on the Northern side of the St-Lawrence River. This small piece is a privileged witness of that time when, the fur skin trading represented the only richness of the country. My story turns around the trade between Indians which were fur suppliers, the Canadians "coureurs des bois" and the Jesuits missionaries who were trying to bring over Catholicism everybody they met on their road.

What is that treasure all about?

In fact, this small piece is a very, very rare lock plate of a flintlock french rifle, dated around 1660 (have a look at image 1 in lower part). It comes from the old collection of the now closed Museum of Saguenay*. This piece of art was then, historically documented by historians. The marvellous object is now into the hands of a private collector of Montmagny in the Province of Québec.

The lock plate is the mechanical part used to fire with a flintlock arm. It was found in 1955, by Michel Brault on the shore of lake Manouan. The name of the skilful craftsman who forged it is still readable, engraved on the tail of the lock. "DVPRE" is his name. DVPRE for Barthélemy Dupré, a harquebusier from Saint-Étienne (Loire, France) during the XVIIth century (have a look at image 2). We would probably have never heard from this man, without this lock, faithful observer of the past. The lock was found in an exceptional state of conservation, releasing a feeling of old age. It speaks by itself showing its metallic color blackened by more than three centuries of exposure to the hard Québécois climate. It is an ignored part of our history which is reflected in it.

The lock has a round surface, like the cock or hammer (back part swivelling in the shape of "swan neck") which is typical for the period. After examination one can observe the absence of fastening screws which would have indicated that the lock was fixed to an arm at the time of its loss or its abandonment. Since the screws were missing, we can think that the lock was recovered by a Trading Post for a repair of another arm. The nearest Trading Post, from the place where the lock was found is named Métabetchouan (1676-1697). By its construction and its size (14.8 cm), we can deduce that it came from a hunting fusil, the every day weapon of the Canadian militiaman and not from a French military weapon. Moreover, Barthélemy Dupré precisely produced hunting weapons for export towards the colonies.

Very few specimens of French weapons dated middle of XVIIth arrived to us. This is why we are taking great care of this witness of the pass for our future generations.

Treasures are not always made with gold, sometime we find them into small invaluable object.

* When the Museum of Saguenay was open, the reference number for the Dupré's lock plate was: 1975-0218

platine Dupré lock

image 1 - la platine Dupré / Dupré's lock plate

la signature de Dupré signature

image 2 - la signature de Dupré / Dupré's signature

Bibliographie / Bibliography:

- Les Armes de Traite, Russel Bouchard, Les éditions du Boreal Express Ltée, 1976, page 53.
- Les armes à feu en Nouvelle-France, Russel Bouchard, Septentrion, 1999, page 36.
- Saguenayensia, volume 47, numéro 3, juillet-septembre 2005, page 35.
- Métabetchouan: du poste de traite à la ville, Russel Bouchard. Société historique du Saguenay, Cahiers de Saguenayensia, Histoire des municipalités, No 3, 1986.
- Manufacture d'armes de Guerre de Saint-Etienne, R. Dubessy, Capitaine d'artillerie, page 6, 1900.
- Le "Qui est qui" de l'arme en France de 1350 à 1970 (Tome 1 et 2), Jean-Jacques Buigné, Recherches initiales de Pierre Jarlier, page 158 et 203, Édition du Portail, 2001.
- Le "répertoire des arquebusiers et fourbisseurs français" de Pierre Jarlier (MCM LXXVI Lobies éditeur Saint-Julien du Sault) consuiltable aux A.M.S.E (6C-100 649) fait état de ce "DUPRÉ le jeune" mort à Saint-Étienne en 1687.
- Parts of knows Saint-Etienne flintlock guns (fusil) found in a New-France context, part 4, page 1 - 7, Kevin Gladysz, 2005.
- Kathryn Murano, Rochester Museum and Science Center; Rochester Junction, NY, (Totiakton) site RMSC 6550/29, 1665-1675, Lockplate Type IX; DVPRE LE IEVNE.
- Proceedings of the 1984 Trade Gun conference: Part 1 Dutch and other Fintlocks from Seventeenth Century Iroquois Sites by Jan Piet Puype, Research Records No.18, Type IX, 1985.
- La Pulperie de Chicoutimi, Nadia Villeneuve, Agent d'information, transmission par télécopieur, platine de fusil à silex Musée du Saguenay, numéro de référence1975-0219, 2e transfert RCIP mai 2000, 28 janvier 2004.
- Jean-Jacques Adjizian, correspondances, Coordonnateur de projets en patrimoine Conseil de la culture de l'Abitibi - Témiscamingue, Matériel historique du Lac Kempt et Manouane, Collection archéologique Valérie Burger 1940-1950, 2005.
- Correspondance Louis-Philippe Picard, Association des archéologues du Québec, février 2004.
- Correspondance Erik Langevin, Université du Québec de Chicoutimi, janvier - février 2004.