Les ravages de la guerre de 1759 à Saint-Thomas de Montmagny

Historique abrégé de l'escarmouche du 14 septembre 1759

La Côte-du-Sud vit, à la fin de l'été de 1759, l'épisode le plus dramatique de son histoire. Le malheur s'abat sur les paroisses de la Côte-du-Sud. Le général Wolfe envoie une expédition punitive contre les Canadiens en représailles contre les habitants qui ont défié l'ordre leur enjoignant de ne pas prendre les armes.

L'expédition est conduite par le major George Scott. Il est à la tête d'un détachement de 800 hommes qui débarque à Kamouraska et remonte ensuite vers Saint-Thomas en incendiant systématiquement les fermes de la région. Le capitaine Joseph Goreham reçoit l'instruction de débarquer à Saint-Thomas avec le reste de l'armée de 1 600 hommes.

En plus des bâtiments, des bateaux sont incendiés, des récoltes détruites, des bestiaux saisis. Même les moulins sont ravagés. À Saint-Thomas une seule maison (1), le presbytère et l'église sont épargnés. Les militaires rencontrent peu de résistance de la part des habitants qui se sont réfugiés dans les bois et les montagnes. Les hommes valides ont été mobilisés pour défendre Québec la capitale de la Nouvelle-France.

Le soir même de la bataille des plaines d'Abraham, le 13 septembre 1759, le seigneur Jean-Baptiste Couillard de Lespinay avec quelques-uns de ses compagnons : Joseph Couillard des Écores (2), René Damours, sieur de Courberon et Paul Côté retournèrent dans leurs foyers, accablés de tristesse, en suivant le chemin du roi. Le lendemain soir, arrivés à environ un mille et trois-quarts de l'église actuelle de Montmagny, ils firent la rencontre des soldats anglais qui ravageaient les paroisses du bas du fleuve. Après avoir brûlé le village de Saint-Jean-Port-Joli, celui de L'Islet, du Cap Saint-Ignace et de Berthier, les Anglais se dirigeaient sur la Pointe à la Caille. Nos canadiens surpris et poursuivis atteignirent les terres de Paul Chiquet. C'est en se dirigeant vers cet endroit, sur la petite montagne boisée, que commencèrent les combats. L'escarmouche a été assez vive, puisque deux soldats anglais (3) des Goreham Rangers ont été tués, et quatre autres blessés pendant l'action. Mais les Canadiens, trop peu nombreux, tombèrent sous les coups de leurs ennemis qui commirent toutes sortes de cruautés (4) sur leurs cadavres. Les corps de nos héros furent inhumés le 22 septembre 1759, par le curé M. Maisonbasse.

Victimes canadiennes de Saint-Thomas

. Seigneur Jean-Baptiste Couillard de Lespinay, laissait un fils au berceau.

. René-Louis Damours, sieur de Courberon, époux de Louise-Angélique Couillard Després; il laissait quatre enfants: deux filles et deux garçons.

. Joseph Couillard des Écores, clerc minoré.

. Paul Côté, marguillier, veuf de Geneviève Langlois; il laissait quatre enfants: trois filles et un garçon.

Le débarquement des troupes anglaises à Québec en 1759

image 1-1

Goreham's Ranger

image 1-2

Notes de rédaction:

(1) - Maison Bélanger / Têtu, construite en 1739.

(2) - Cousin de Jean-Baptiste Couillard Joseph est un ecclésiastique qui avait déjà été blessé au combat le 9 août 1759.

(3) - Thomas Fournier enterra les cadavres des deux Anglais au bout de sa terre entre deux rochers. Longtemps après on découvrit ces ossements qui ont été de nouveau confiés à la terre au même endroit. N'oublions pas qu'à l'époque on ne voulait pas contaminer le cimetière avec des protestants.
Thomas Fournier (fils d'Élisabeth Bélanger et de François Fournier) Marié le 29 mai 1752 a Saint-Thomas avec Madeleine Morel (mère Marie-Claire Beaumont, père Charles Morel).

(4) - Les cruautés voir scalpage ou le prélèvement de chevelure commis sur les cadavres. Les Anglais avaient fait de même sur des Canadiens à Château-Richer le 23 août 1759. Ces derniers, selon eux, étaient habillés en Indiens. Une confusion de la part des Anglais face à l'habit de tenu de campagne des miliciens canadiens, un habillement adapté pour la rude vie en forêt.

Notes sur les illustrations:

  • image 1.1: En 1759, l'armée anglaise prend possession de la Ville de Québec.
  • image 1.2: Un des "Goreham's Ranger".

Bibliographie:

-Deschênes, Gaston. L'Année des Anglais, La Côte-du-Sud à l'heure de la conquête, 1988, Septentrion.
-Casault, abbé. Notes Historique sur la paroisse de Saint-Thomas de Montmagny, 1906, Dussault et Proulx.
-Couillard-Després. Histoire des seigneurs de la Rivière-du-Sud et de leurs alliés canadiens et acadiens. 1912, La Tribune. Saint-Pierre, Jacques. L'incendie de la Côte-du-Sud en 1759, 14 avril 2003.
-Hébert, Yves. Montmagny . . . ne histoire 1646-1996 La seigneurie, le village, la ville, 1996, L'imprimeur.
-Chassé, Béatrice. L'Héritage de Louis Couillard de Lespinay, 1988, Ministère des Affaires culturelles Direction du patrimoine-Québec.